Avec le retour au travail sur site qui s’est généralisé le 9 juin, les équipes de ressources humaines vont devoir redoubler de vigilance sur un sujet quasi tabou : celui des addictions. Les données en la matière donnent une idée de l’ampleur du phénomène puisque, dans la population française, 20 % des hommes fument du tabac, 8 % des femmes boivent de l’alcool à un niveau jugé dangereux, 5 % des femmes consomment des psychotropes… La crise sanitaire que nous traversons depuis un an a aggravé la situation. Climat anxiogène lié à l’épidémie, isolement des salariés, télétravail souvent pratiqué dans de mauvaises conditions et sans limites, incertitude sur l’emploi, le contexte favorise la consommation de tabac, d’alcool, de drogues et d’antidépresseurs. Avant l’épidémie de Covid-19, la réponse à une conduite addictive était généralement individuelle, soit médicale, soit disciplinaire si elle avait donné lieu à un accident du travail ou à une faute professionnelle. Désormais, le sujet des addictions doit faire l’objet d’une véritable politique de formation et de prévention, bien au-delà des outils traditionnels comme les conférences ou les ateliers. Il est temps de passer à la vitesse supérieure avec diagnostics, expérimentations et plans d’action. En commençant par l’écoute, car il apparaît impossible de tirer un trait sur l’année écoulée sans libérer au préalable la parole des salariés.