logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Chroniques

La nouvelle frontière

Chroniques | publié le : 07.06.2021 |

Image

RSE : la nouvelle frontière

Crédit photo

Benoît Serre Vice-président délégué de l’ANDRH

Après plus de 18 mois de perturbations profondes de nos modèles d’organisation, de vie, de travail et de société, on commence à distinguer des tendances de transformations durables. Parmi celles-là, il semble que la RSE connaît une nouvelle « jeunesse » en gagnant une ampleur réelle et différente. Certes, cette notion n’est pas récente, mais pour différentes raisons, sa dimension environnementale est aussi dominante qu’essentielle. En revanche, la partie sociale et sociétale bien qu’existante n’a pas jusqu’à aujourd’hui pris l’importance qu’elle méritait pourtant. Mal défini et confusant, le « S » de RSE n’a pas pris partout cette place centrale qui donne sa cohérence aux politiques RSE.

Bien évidemment, certaines organisations en avaient pris conscience, notamment par les politiques d’inclusion, de diversité, d’égalité femme-homme, en faveur des jeunes souvent et des seniors parfois. Leurs caractéristiques allaient généralement de l’externe via le recrutement par exemple vers l’interne, mais finalement étaient assez peu présentes au sein même du corps social de l’entreprise, comme si une fois entrés les collaborateurs ne pouvaient en être les bénéficiaires ou à tout le moins des parties prenantes secondaires. La crise sanitaire et ses conséquences d’organisation du travail ont fait surgir le collaborateur au centre des responsabilités de l’entreprise : sa protection, sa santé, sa vulnérabilité individuelle, ses conditions de travail, son bien-être sont autant de sujets de préoccupations qui pour le coup sont devenues dominantes. Mais ce constat largement partagé aujourd’hui prend sa source dans la contrainte et l’urgence d’un danger sanitaire subit et soudain.

L’enjeu qui nous attend tous et en premier lieu les DRH est d’inscrire durablement cette conscience du collaborateur, de l’individu dans l’ADN de l’entreprise comme une partie prenante prioritaire des politiques RSE et donc ressources humaines.

En effet, c’est par la stratégie, la vision, le sens qu’il faudra porter de telles politiques et achever le juste équilibre entre l’expérience client et l’expérience collaborateur qui connaît déjà quelques applications en matière de digital par exemple. Il a pourtant fallu du temps pour comprendre que toute avancée digitale dans la relation client devait s’accompagner du même mouvement pour les équipes. Par cette juste répartition de l’innovation technologique, chacun devenait potentiellement le promoteur de la stratégie digitale de l’entreprise plutôt que de voir parfois cette transformation comme une menace pour son propre emploi.

La même logique d’équilibre doit désormais présider aux politiques RSE afin que les collaborateurs en perçoivent les bénéfices pour eux-mêmes autant que pour les clients. Une enquête révélait récemment que seulement 15 % des salariés estiment que la politique RSE de leur entreprise a eu un impact positif pour eux. C’est terriblement faible quand on songe aux investissements que cela suppose. La RSE pour les collaborateurs est protéiforme dès lors que l’on place certaines politiques sous l’angle de la responsabilité qu’on leur doit. Par exemple, la formation constitue le meilleur rempart contre l’obsolescence des compétences et à ce titre l’employabilité est une responsabilité sociale et sociétale, car elle renforce la garantie de l’emploi présent et futur. De même, la politique de protection sanitaire et sociale par le déploiement de moyens de prévention individuelle relève de la responsabilité d’employeur au titre de la protection du salarié, mais aussi de la société, car elle protège la solidarité nationale en cas de maladie.

En ouvrant aux entreprises la possibilité de créer des CFA, la réforme de la formation professionnelle est venue donner aux entreprises la capacité de jouer un rôle dans l’éducation et de renforcer ainsi l’équité dans l’accès aux diplômes ou reconnaissances en interne. Cela facilite d’autant les politiques de recrutement des personnes les plus éloignées de l’emploi pour des raisons diverses. On pourrait multiplier les exemples de cette refonte des politiques RSE qui sont désormais indissociables de l’existence même de l’entreprise. Cette crise a démontré que le monde économique est un formidable lieu de protection, de progrès social et d’innovation humaine. La confiance des salariés dans leur entreprise, retrouvée à l’occasion de cette crise, ne durera pas sans un engagement fort de faire des politiques RH les garantes de la responsabilité sociale et sociétale que l’on doit aux femmes et aux hommes.