logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Les clés

Portrait de l’élite moderne

Les clés | À lire | publié le : 31.05.2021 | Lydie Colders

Image

Portrait de l’élite moderne

Crédit photo Lydie Colders

Exit les carrières classiques des jeunes issus d’écoles prestigieuses ? Dans « Génération surdiplômée », une sociologue et un journaliste s’intéressent à ceux qui préfèrent créer des start-up ou réinventer l’entrepreneuriat social. Une autre vision de l’élite.

Tous les jeunes qui ont fait Centrale, Polytechnique ou HEC ne rêvent pas de faire carrière dans les grands groupes. Après y avoir fait leurs premières armes, certains préfèrent devenir consultants en innovation, en urbanisme, créer des start-up « pointues », des tiers-lieux alternatifs… Au travers de récits, ce livre de la sociologue Monique Dagnaud et du journaliste Jean-Laurent Cassely dépeint le rapport au travail et les modes de vie de ces trentenaires « superdiplômés » issus d’écoles prestigieuses. Loin d’être uniforme, cette élite intellectuelle entre bourgeoisie classique et bobos « est une sorte d’archipel » hétéroclite, qui échappe « au phénomène inédit de déclassement social » qui touche une fraction des « 20 % » de bac + 5. Sont-ils les nouveaux « Yuppies des années 80 » plus responsables ? Incarnation de la start-up nation ? Ou bien des bobos branchés par l’économie de la connaissance ? Un peu de tout cela, à lire cet ouvrage riche en témoignages. Les auteurs les classent « entre élite » un peu classique, branchée numérique, qui lance une société plutôt pour « trouver des solutions », comme ce centralien et normalien passé de lobbyiste dans l’assurance à la création d’une start-up dans la location de véhicules. Et de l’autre, « des alter-élites », catégorie où ils rangent les consultants d’un nouveau genre en design thinking, (diplômés d’école spécialisée et d’un master à Shanghai) ou ceux qui réinventent des lieux de vie sociale et culturelle, comme cet ancien de l’Essec, fondateur de « Yes We Camp ».

Hélas, le livre s’attarde peu sur leur choix de quitter le monde de l’entreprise. Les auteurs préfèrent louer leur inventivité, « leur capital culturel », souvent ouvert sur l’étranger. Pour eux, leur ambition s’incarne autrement. Aujourd’hui, place à la qualité de vie : le salaire n’est pas « une fin en soi », même s’ils gagnent tout de même entre 3 000 à 6 000 euros par mois d’après leur enquête. Fini les horaires à rallonge, ils décrivent une génération TGV qui navigue entre Paris et la province, privilégie le bien-être. Comme cette consultante en marque employeur, diplômée de Sciences Po et d’un master en RH à Lille, qui refuse d’autres contrats pour « réserver du temps » à ses hobbies : l’écriture ou l’escalade. Ou cette autre qui se partage entre Paris et Grenoble.

Aspiration au bien-être

De quoi donner à réfléchir aux entreprises si elles veulent travailler avec ces « talents ». Souplesse et travail à distance de rigueur avec ces jeunes qui ne veulent plus tout sacrifier au travail. En outre, certains n’hésitent plus « à créer une start-up pointue ou une agence culturelle proche des métropoles régionales », loin du tumulte parisien, notent les auteurs. Une tendance qui pourrait s’accélérer avec la crise sanitaire.

Auteur

  • Lydie Colders