Les travailleurs de deuxième ligne sont postés entre les professions médicales en première ligne contre la Covid et la troisième ligne mise à l’arrêt ou en télétravail. Boulangers, aides à domicile, conducteurs, caissiers… ils sont 4,6 millions, salariés du secteur privé, à s’exposer à un risque de contamination tout en continuant d’apporter à la population les services indispensables à la vie quotidienne, selon une étude conjointe du Centre d’études de l’emploi et du travail (CEET) et de la Dares du 18 mai 2021. « Même s’il s’agit de métiers très différents les uns des autres », une analyse détaillée de leurs conditions de travail montre « qu’ils sont souvent défavorisés en comparaison de la moyenne des salariés du secteur privé ». En 2019, ces salariés sont plus souvent en CDD (10,5 %) que dans l’ensemble du secteur privé (7,5 %). Leurs salaires sont nettement inférieurs (d’environ 30 %), leurs perspectives de promotions limitées et les carrières instables. À un horizon de cinq ans, ils ont une plus forte probabilité que les autres salariés de se retrouver au chômage (10,9 %, contre 6,8 %). Ils sont aussi davantage concernés par des horaires atypiques et peu prévisibles. Ces contraintes « montrent la nécessité d’aller au-delà de la logique de compensation » telle que la prime de pouvoir d’achat annoncée en mars 2021. Il est nécessaire de revaloriser « de manière plus structurelle ces métiers » via plusieurs leviers potentiels : « rémunérations et progressions de carrière, formation, prévention des risques professionnels, organisation des horaires… ».