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« Améliorer les conditions de travail et préparer le futur »

Le point sur | publié le : 31.05.2021 | Gilmar Sequeira Martins

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« Améliorer les conditions de travail et préparer le futur »

Crédit photo Gilmar Sequeira Martins

Le succès d’un retour d’expérience tient à des conditions de mise en œuvre spécifiques et à une méthode qui va parfois à rebours des démarches de travail habituelles.

Quel est l’objectif d’un retour d’expérience ?

Édouard Robin : Les REX sont l’occasion pour les entreprises de tirer les enseignements des adaptations mises en œuvre durant la crise : cela permet d’améliorer les conditions de travail, mais aussi d’être mieux préparé en cas de futures crises.

Quels thèmes suscitent le plus de retours d’expérience ?

Manon Keusch-Bessard : Nous intervenons souvent sur la question du télétravail. Dans une entreprise, il a été possible grâce au REX de dépasser la question des avantages et des inconvénients du télétravail pour aller sur la question des compétences d’animation, que le distanciel bouleverse. Sur une première base d’analyse, nous aurions pu nous borner à fixer des règles et des bonnes pratiques, mais c’est en approfondissant les échanges qu’a émergé la problématique de l’animation et des compétences nécessaires pour bien la mener à distance. Cela a permis d’identifier l’enjeu de montée en compétences sur l’animation afin de se sentir plus à l’aise avec le mode distanciel. Le REX a permis de voir qu’il y avait donc un double enjeu : sélectionner les activités à distance et monter en compétences sur l’animation. Un REX conduit dans de bonnes conditions permet de faire ressortir toutes les problématiques et ne pas rester sur une solution partielle qui va faire ressurgir de nouveau le problème plus tard.

Comment maximiser la réussite d’un REX ?

M. K.-B. : Certaines conditions sont nécessaires pour mettre en œuvre un REX. Il faut notamment installer un cadre sécurisant qui permet à tous les acteurs de s’exprimer librement, or en évoquant des difficultés, les équipes peuvent parfois avoir des craintes et l’impression d’ouvrir une boîte de Pandore. Pour réussir un REX, il faut aussi s’accorder initialement sur les objectifs, les critères de décision des actions qui pourront être choisies et les moyens qui seront mobilisés pour traiter les problèmes rencontrés. Cela fait partie du cadre qui sécurise l’ensemble des participants. Il faut aussi s’assurer d’aborder la question à partir de situations de travail concrètes, ce qui n’est pas toujours naturel. Il existe une tendance à aller vers des solutions techniques sans se poser la question du travail réel et ce qui a soulevé problème, qu’il s’agisse des moyens ou de l’organisation. Il faut donc redonner la parole aux salariés pour qu’ils évoquent ce qu’ils ont fait, ce qu’ils veulent conserver ou arrêter. Il faut aussi faire attention à ne pas aller trop vite. Il arrive que soient fixés des objectifs sans que soient installées les conditions qui permettent de les atteindre. Le REX est justement un moment pour prendre le temps et éviter cet écueil. Même dans un climat social tendu, si un maximum de ces conditions sont réunies, il devient possible de mener à bien un REX.

Pourquoi les solutions techniques peuvent-elles être une mauvaise option ?

E. R. : Les solutions techniques font passer à côté des questions d’organisation. Il y a un penchant vers la solution technique et aussi un risque de déterminisme technologique. Quand une nouvelle solution est installée, les équipes vont vouloir s’en servir même si elle ne correspond pas aux usages et aux besoins. L’accompagnement ouvre le champ des possibles et permet de reconstruire de nouvelles pratiques, sans se limiter aux solutions techniques. Durant la crise sanitaire, le niveau d’autonomie des salariés a augmenté. Le retour sur site va aussi questionner le manager dans son rôle d’animation des équipes. Une transformation est à prévoir dans les mois à venir sur les modalités de management de salariés qui ont appris à travailler de façon autonome. L’enjeu sera de redéfinir des modes de relation et de mieux accompagner l’autonomie plutôt que de la contrôler. Les REX peuvent permettre d’enrichir les pratiques managériales, le développement des compétences des salariés, leur niveau d’autonomie, mais aussi les outils utilisés et l’organisation du travail. Cela va aussi transformer les espaces de travail. L’impact est déjà perceptible sur le parc immobilier ou l’organisation des salles de réunions afin de faciliter le mode hybride. Les REX vont aussi permettre de mieux créer du lien entre les salariés sur site et à distance et voir comment ce lien peut être appuyé par l’encadrement et avec quels outils il peut être soutenu. Avec la reprise, ces préoccupations sont de plus en plus présentes parmi les encadrants et les partenaires sociaux.

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins