Les étrangers, en particulier dans la tech, connaissent toujours des difficultés pour travailler dans la Silicon Valley, ne serait-ce que parce que le système de visas, le H-1B, est réservé aux techies très spécialisés et qu’il fonctionne en partie sous la forme d’une loterie. Les employeurs de la Valley envoient quelque 200 000 demandes par an, pour un lot de seulement 85 000 visas disponibles – sans oublier qu’une fois en poste, la voie, pour obtenir une carte verte, puis, éventuellement, la naturalisation, est étroite. Or c’est tout le contraire au Canada. La résidence permanente, équivalant à la carte verte américaine, s’y obtient en un ou deux ans, la naturalisation, ensuite, en quatre ans en moyenne, alors qu’aux États-Unis, l’attente moyenne pour une carte verte est de près de six ans, selon un rapport du Cato Institute. Cinq ans plus tard, les techies peuvent espérer être naturalisés, même si, en général, les candidats attendent nettement plus de temps pour que cette procédure aboutisse. Depuis quelques années, le Canada a lancé un vaste programme, le Global Talent Stream, qui permet la venue, rapide et en masse, de spécialistes de la tech sur place. Au point que plusieurs grandes entreprises américaines se sont installées à Montréal, Toronto ou Vancouver pour profiter de ce vivier. Aujourd’hui, face à la pénurie de main-d’œuvre dans la Silicon Valley, les entreprises, grâce au télétravail, s’adressent directement à ces spécialistes afin de les faire travailler pour elles, mais du Canada. « Même ordinateur, même emploi, mais ils sont au Canada », résume Marc Pavlopoulos, le patron du cabinet de recrutement spécialisé Syndesus. Et s’ils insistent pour dire que ce qui les intéresse avant tout, ce sont les talents, les employeurs américains bénéficient aussi de coûts salariaux moins élevés et d’un système d’assurance santé moins cher au Canada.