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Évaluation des connaissances : La peur du décrochage

Le point sur | publié le : 24.05.2021 | J. C.

Comment échapper au précédent des MOOCs ? Malgré l’emballement des débuts, les plateformes de cours s’étaient heurtées à un constat décourageant : plus le temps passe, plus l’implication des apprenants pâtit d’un manque de concentration et d’un oubli progressif des connaissances acquises. Autant dire que l’assiduité et l’engagement sont devenus des indicateurs soigneusement suivis dans les tableaux de bord des concepteurs de formations de micro-learning.

L’un des avantages de l’apprentissage en ligne est de plus facilement mesurer la réception et l’intégration des points transmis, surtout lorsque les travailleurs insistent pour se former à leur propre rythme. « Nous insistons beaucoup auprès de nos clients sur l’examen des statistiques de décrochage pour pouvoir ajuster les contenus », précise Edouard Rabany de 360Learning. Ce qui nous amène à la stratégie du « bon moment » qui se glisse aisément dans les temps morts du planning.

Avant de mettre au point ses huit minutes d’orthographe qu’il envoie désormais à quelque 1 300 salariés sous le nom d’Orthographiq, Honoré Bayzelon est passé par une série de réflexions pour que le résultat soit le moins ennuyeux et le plus « indolore » pour des salariés se sentant discriminés par les fautes qu’ils commettent à l’écrit. « À la différence des langues étrangères, la visioconférence ne fonctionne pas pour l’orthographe. Y consacrer plus d’une heure dans le milieu de l’entreprise, c’est avoir le risque de se sentir infantilisé et de retour à l’école », prévient-il. Outre l’association de chaque inscrit à un tuteur, il a préféré miser sur un envoi quotidien sur une période de quatre à douze mois en fonction d’un premier bilan. « Les utilisateurs ne peuvent pas choisir l’horaire de réception du mail, mais nous observons que 70 % des exercices se font tôt le matin », poursuit-il. Beaucoup de concepteurs de micro-learning ont également développé des systèmes de notifications quand l’usager se fait moins présent.

Cependant, surtout lorsqu’elle n’est pas contrainte, trouver le temps pour une formation est aussi conditionné par la motivation du salarié et l’intérêt qu’il y trouvera. Par exemple, il faut lui permettre de repérer rapidement ce qu’il lui manque à un moment donné pour effectuer son travail ou d’indiquer son ressenti à chaque présentation de contenu. « Découper l’information en capsules, en séquences et en histoires doit aussi servir à aller au bout d’un parcours », explique Anna Beliaeff, responsable des ventes chez Artips. L’offre de micro-learning Artips Factory représente désormais une grosse moitié du chiffre d’affaires de la société, qui a commencé par rédiger des newsletters sur l’histoire de l’art.

Conserver l’interactivité

Comme pour d’autres acteurs, les trois principaux leviers d’action pour éviter le décrochage des apprenants sont l’interactivité, le caractère ludique et le portage managérial. A fortiori lorsque le micro-learning, à l’image de ce qu’Artips a créé avec SNCF Transilien, s’adresse à des équipes qui disposent de peu de postes fixes et travaillent en horaires décalés. Et ce, quelle que soit la qualité du contenu en question…

Un des principaux parcours développés, visant à valoriser le travail et les gestes métier des 13 000 agents sur ce réseau ferroviaire francilien très dense, a été suivi par plus de trois quarts d’entre eux.

En interne, d’autres modules ont été conçus pour communiquer et mieux assimiler des évolutions tarifaires ou le déploiement de nouveaux appareils de validation. « Il y a formation si nous arrivons à transmettre des compétences et des savoir-faire, d’où l’indication de pourcentages de réussite, les mises à jour des évaluations via des questions et une animation régulière », estime Noémie Rouault, en charge de la digitalisation des contenus au sein du département formation. Créer une dynamique de groupe est un autre défi. Ainsi, le déploiement du micro-learning est souvent accompagné de challenges individuels et collectifs ou de systèmes de messagerie instantanée pour interagir avec d’autres collègues sur des exercices ou voir leur activité récemment effectuée. « Certains salariés glissent même leur niveau de progression dans leur signature de mail », signale Armelle Lavergne, directrice des contenus chez Coorpacademy. Reste ensuite un ultime paramètre dont le terrain de développement est encore peu défriché : à partir des données précédemment accumulées, il s’agit de mieux évaluer et anticiper les compétences et le comportement de l’apprenant pour lui proposer l’apprentissage le plus adapté à son besoin du moment ou d’autres séquences complémentaires.

Auteur

  • J. C.