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« Investir dans la prévention est la condition pour maintenir l’activité »

L’actualité | publié le : 10.05.2021 | Lys Zohin

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« Investir dans la prévention est la condition pour maintenir l’activité »

Crédit photo Lys Zohin

Qu’attendez-vous du sommet social européen qui se tient à Porto, les 7 et 8 mai ?

L’Organisation internationale du travail (OIT) n’y a pas de rôle directeur, c’est l’apanage de la présidence portugaise. Le plus important pour l’OIT, c’est que l’Europe ne rate pas la reprise économique ni celle de l’emploi. Nous avons beaucoup travaillé sur l’impact de la crise. Avec une baisse de 9 % du volume des heures travaillées dans le monde, l’emploi a connu un recul inédit depuis la Seconde Guerre mondiale. Nombre de mesures prises pour soutenir l’emploi, le revenu des salariés et les entreprises vont dans le sens de ce que préconise l’OIT. La priorité, désormais, est de ne pas abandonner trop vite ces mesures, comme cela a été le cas après la crise de 2008-2009… En outre, des investissements massifs sont nécessaires pour s’assurer que la reprise se fera dans la justice sociale, de même que les transitions, numérique, climatique et démographique qui affectent le monde du travail. Pour cela, l’une des recommandations de l’OIT est d’investir dans les capacités individuelles, afin d’assurer l’employabilité. Les sommets comme celui de Porto sont de nature informelle, mais en réunissant chefs d’État et partenaires sociaux, ils préparent la fabrique du consensus, sur des sujets qui devront aboutir à moyen terme – du statut des travailleurs des plateformes à celui du télétravail, en passant par le salaire minimum, entre autres. Et ce qui se décidera au niveau européen peut avoir des répercussions sur le reste du monde.

Dans son rapport du 28 avril, pour la journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail, l’OIT a lancé un appel aux entreprises pour qu’elles renforcent leur prévention. Avez-vous des inquiétudes particulières ?

Notre appel reflète ce qui s’est passé ces douze derniers mois. On voit bien qu’investir dans la prévention des risques au travail n’est pas un luxe, mais une nécessité. C’est la condition pour maintenir l’activité et la pérennité des entreprises. Et je crois, en observant l’attitude des entreprises en matière de lutte contre la contamination et de vaccination, qu’elles ont compris que la prévention était la clé du succès de la reprise. Si la Covid-19 a mis la santé au centre des préoccupations, puisque les entreprises sont aussi des lieux de contamination, les enjeux sont plus larges. Sur le moyen terme, il va s’agir de gérer de nouvelles organisations de travail, avec des formes hybrides – mi-présentiel, mi-distanciel. Le télétravail a pu renforcer le contrôle et la subordination, au lieu de faire la part belle à la confiance et l’autonomie, avec des conséquences en termes de risques psychosociaux, d’épuisement, de perte de sens. L’hybridation permettra de cultiver le lien social et les échanges informels, gages de bien-être, mais aussi d’innovation.

L’OIT, dans son rapport, souhaite une plus grande coopération entre direction des entreprises, collaborateurs et représentants des salariés. Misez-vous davantage sur des accords d’entreprise que sur des lois ?

Le dialogue social est indispensable, afin que, dans le cas du télétravail notamment, ce dernier se fasse sur la base d’un accord et du volontariat. Les cadres législatifs ont pour vocation de donner des ressources aux acteurs sur le terrain. Il ne s’agit pas de décider à leur place, mais de donner un socle et des valeurs communes.

Auteur

  • Lys Zohin