logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

L’actualité

Assurance chômage : Une nouvelle mouture de la réforme « encore plus injuste », selon la CGT

L’actualité | publié le : 10.05.2021 | Benjamin d’Alguerre

Les syndicats restent vent debout contre la réforme de l’assurance chômage que le gouvernement entend rendre effective au 1er juillet prochain.

Après avoir obtenu, devant le Conseil d’État, l’annulation du décret du 26 juillet 2019 au motif que celui-ci entérinait un nouveau calcul du salaire journalier de référence (SJR), créant de fortes inégalités de traitement entre demandeurs d’emploi, six organisations syndicales entendent bien avoir la peau de celui du 30 mars 2021 pour les mêmes raisons. « La CGT, FO, la CFE-CGC et Solidaires ont déjà déposé leur recours. La CFDT s’apprête à le faire, l’Unsa envisage de suivre le mouvement », énumère Denis Gravouil, en charge du dossier à la CGT. La CFTC réserve sa décision à un retour des droits rechargeables à l’assurance chômage à quatre mois au lieu de six.

Le gouvernement a eu beau revoir sa copie sur le SJR en instaurant un plancher de 57 % d’allocation minimale (ce qui aurait pour effet de préserver près de 800 000 chômeurs du nouveau calcul), pour la CGT, c’est toujours non. Elle dispose d’un argument massue pour exiger le retrait du décret du 30 mars 2021 avec les nouvelles études réalisées par l’Unédic et parues le 22 avril, affinant les propositions gouvernementales. Non seulement le calcul revisité du SJR ne diminuerait pas les inégalités entre demandeurs d’emploi indemnisés, mais il les aggraverait, parfois dans une proportion de un à cinquante. Comment ? Selon Mathieu Grégoire, sociologue spécialisé dans les questions de protection sociale à Nanterre, le changement de définition du SJR, non plus calculé en fonction des périodes travaillées sur une année, mais tenant compte des périodes d’inactivité du demandeur d’emploi sur les deux dernières années, pourrait réduire fortement le niveau d’indemnisation. Entre deux chômeurs disposant du même salaire initial de 2 800 euros, ayant connu le même temps de travail sur avril-mai, mais le premier selon la temporalité un mois de travail-un mois de chômage, et l’autre fractionné sur quinze jours le premier mois, quinze jours le second, avec un mois d’inactivité intermédiaire, l’indemnisation du premier serait de 1 492 euros et celle du deuxième de… 32 euros ! Les syndicats devraient déposer leurs recours « vraisemblablement la troisième semaine de mai pour que le Conseil d’État puisse rendre sa décision avant le 1er juillet », précise Denis Gravouil. Dans le même temps, le gouvernement s’est engagé sur la publication « prochaine » d’un décret correctif à celui du 30 mars 2021, neutralisant les périodes d’inactivité pour les salariés ayant connu des périodes d’activité partielle, de congés maternité, d’arrêt maladie ou d’activité réduite. Et tout cela alors que le calendrier social gouvernemental prévoit l’entrée des partenaires sociaux dans une concertation sur la nouvelle convention d’assurance chômage 2022 dès ce mois de mai !

Auteur

  • Benjamin d’Alguerre