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DRH : les défis du retour à la normale

Chroniques | publié le : 10.05.2021 |

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DRH : les défis du retour à la normale

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Benoît Serre vice-président délégué de l’ANDRH

Le plan de déconfinement est désormais connu et il est rapide. Cela signifie qu’au-delà des impatiences de tous, le retour au fonctionnement quasi normal de l’entreprise se profile. Les enjeux sont économiques bien évidemment, mais ils sont aussi et peut-être surtout humains. Cette crise se caractérise en effet par son humanité, « elle a touché chacun dans son intimité », a déclaré le président de la République. Son caractère est protéiforme puisqu’elle est à la fois collective et individuelle, économique et sociale, psychologique et matérielle, conjoncturelle dans sa durée et structurelle dans ses conséquences.

Pour la fonction RH, elle pose de véritables défis à court et moyen termes. Le premier d’entre eux est de réunir un corps social parfois éclaté en trois depuis plus d’un an. Entre ceux qui télétravaillent, ceux qui étaient sur site et ceux qui ont subi l’activité partielle, chacun a vécu la crise et a dû fournir des efforts différents, mais égaux en intensité. Reconstituer l’entreprise, le destin commun et la dynamique collective est un défi en soi. Il y a bien sûr le retour au bureau avec pour certains l’espoir que certaines choses qu’on croyait immuables ont changé comme le management par le contrôle, l’organisation du temps de travail, mais avec la certitude aussi que les contraintes reviennent, personnelles comme professionnelles. Il faudra veiller à ce qu’à l’euphorie des retrouvailles ne succède pas la déception d’avoir vécu tout cela sans que rien n’ait changé.

Les salariés sont fatigués de cette crise, quel que soit leur niveau hiérarchique ou leur responsabilité. Ils ont des attentes fortes vis-à-vis de leur entreprise dont la plupart ont bien géré la période que nous venons de vivre et ont donc comme enjeu d’aussi bien gérer sa sortie. Ils seront fatigués, mais sans doute impatients et prêts à s’engager pour prendre leur part à la relance. Là est le second défi : le management de la reprise qui nécessitera d’écouter, d’associer, d’expliquer et de communiquer sur l’état de la situation et sur les projets à court terme pour réussir le retour tant sur un plan économique qu’humain. Mais ne nous y trompons pas, la période sera aussi cruciale que difficile, car il y a déjà une réalité à confronter dans un environnement social et politique en tension. L’entreprise doit être un refuge de confiance et de transparence sans quoi la défiance et l’inquiétude prendront le pas sur la motivation et la volonté. En cela encore, les DRH seront en première ligne pour trouver ce juste équilibre, pour rassurer, organiser et accompagner la dynamique économique et les conséquences sociales. Leurs capacités d’innovation, de captation des signaux faibles, d’organisation et d’écoute seront fondamentales.

Enfin, il faut construire l’avenir, donner des perspectives, oser remettre en cause des schémas qui ont montré leurs limites et innover. La question de la santé comme de la protection individuelle a fait une entrée fracassante dans nos organisations jusque-là souvent habituées à gérer ces enjeux de manière collective. De même que nous assistons depuis plusieurs années à une demande forte d’individualisation de la relation employeur/employés dans nombre de domaines comme la formation par exemple, nous aurons certainement à reconsidérer notre rôle de protection et de prévention individuelle. Donner des perspectives c’est aussi se reposer la question de la reconnaissance, des moteurs de l’engagement, de l’accompagnement de carrières professionnelles dont les critères de réussite ont été bousculés par cette crise. Les métiers sont certes bouleversés par la digitalisation, l’accélération des nouveaux modes de consommation, mais la manière dont on travaille est aussi touchée.

Il ne suffira plus de constater des évolutions, disparitions ou apparitions de nouveaux métiers, mais aussi étudier, reconsidérer la manière dont nous coopérons dans des métiers stables. C’est toute la chaîne de compétences qui est concernée dans le temps avec des enjeux spécifiques sur les talents, les seniors et l’intégration des jeunes. Les DRH rompus à l’exercice de la GPEC savent déjà que l’anticipation comme la modernisation des organisations seront au cœur de leurs enjeux. La mobilisation de toutes les facettes du riche et complexe métier de DRH est indispensable pour faire de cette crise si humaine une opportunité de transformation collective dans le respect des attentes comme des talents de chaque individu.