Les salariés aidants vont obtenir une reconnaissance chez Hager France. Cette entreprise de matériels et solutions électriques, filiale de l’allemand Hager Group, prévoit d’inscrire dans quelques mois ce statut dans son prochain accord d’égalité professionnelle. « Les personnes concernées pourront ainsi se déclarer plus naturellement. Le statut de salarié aidant sera pris en compte lors des entretiens individuels de développement, notamment lorsque seront abordées les compétences développées, et les objectifs seront adaptés en conséquence », expose le DRH, Franck Houdebert. « Ce sera une réponse concrète à la conciliation au mieux des vies professionnelle et personnelle », ajoute-t-il.

Cette reconnaissance ne marquera pas une révolution chez Hager France. Elle systématisera et formalisera davantage la place que l’entreprise a déjà attribuée, dans son organisation, aux aidants. Définis comme des personnes venant en aide pour les tâches quotidiennes à un proche (parent ou non) en perte d’autonomie, en situation de handicap ou confronté à une maladie chronique, ces collaborateurs peuvent prétendre à des aménagements, dès lors qu’ils en manifestent le souhait par eux-mêmes. « Il n’est pas question de briser leur intimité. En revanche, nous avons souhaité mettre en place un processus qui permet à l’aidant d’exprimer ses attentes et, pour nous, d’y donner suite autant que possible », souligne Catherine Distel, chargée des affaires sociales. Ce poste, créé il y a dix ans pour l’écoute des salariés s’estimant en difficulté, a élargi son périmètre aux aidants. Les sollicitations en interne ont pris de l’ampleur à partir de 2019 et depuis, Hager France a pris des dispositions spécifiques pour une soixantaine de salariés, qui restent une minorité au sein de l’entreprise : par un récent questionnaire, 22 % des 3 400 collaborateurs se déclaraient aidants. Cette majorité silencieuse n’exprimant pas le besoin d’être soutenue « peut en revanche jouer un rôle de personnes ressources pour des conseils aux collègues plus en difficulté », selon Catherine Distel.

L’entretien avec la chargée des affaires sociales part des besoins des aidants, ceux-ci expliquant ce qu’ils ont déjà mis en place à titre personnel. L’entreprise s’assure de l’effectivité de l’assistance auprès du médecin traitant ou des organismes d’accompagnement. Dans la majorité des cas, la demande concerne la gestion du temps : dégager un jour ou une demi-journée par semaine, ou un certain nombre d’heures, etc. Hager France cherche alors la réorganisation adéquate : mettre en place le télétravail ou l’augmenter, passer en temps partiel si le salarié en accepte la conséquence financière, ou même changer d’équipe en exploitant les possibilités qu’offre la variété des horaires en ateliers de production.

Ces évolutions requièrent une souplesse de la part des managers, c’est pourquoi la communication occupe une place importante dans la mise en œuvre. Une journée de sensibilisation (conférences, informations pratiques…) est organisée chaque année sur le thème de l’aidant. Elle se destine aux aidants eux-mêmes, mais aussi aux managers et aux responsables RH de secteur. Selon Hager France, aucun de ces encadrants n’a fait obstacle à des aménagements.

Le soutien dépasse ainsi le périmètre des dispositifs légaux, qui peuvent également être actionnés par ailleurs : congé de proche aidant, congé de solidarité familiale, dons de jours de congé et de RTT. Pour ces derniers, Hager France a mis en place fin 2020 un fonds de solidarité qui mutualise les dons. Il a « récolté » 40 jours en seulement deux semaines en décembre dernier. Il sera à nouveau sollicité en mai, à l’échéance de la prise annuelle des congés payés.

Des demandes financières peuvent également être faites auprès du CSE. Il a financé par exemple un palan qui aide une mère salariée à soulever son enfant lourdement handicapé. Avec l’organisme de retraite complémentaire Klesia, Hager France a souhaité faire valider cette démarche par une labellisation de l’organisme Handéo Services pour se faire reconnaître comme une « entreprise engagée auprès de ses salariés aidants ». La distinction lui a été attribuée dans le courant de l’année 2020, pour trois ans, au terme desquels l’entreprise devra se soumettre à un nouvel audit en vue d’un renouvellement. Cette labellisation implique la rédaction d’un plan d’action pluriannuel. « Cela inscrit notre initiative dans une démarche d’amélioration continue et à bien la formaliser, car le sujet ne peut que prendre de l’ampleur à l’avenir », relève Catherine Distel.