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« La prévention est une composante de l’activité professionnelle »

L’actualité | publié le : 03.05.2021 | Gilmar Sequeira Martins

À l’occasion de la journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail (28 avril) largement consacrée à la crise cette année, Nicolas Catel tire des leçons en matière de prévention des risques professionnels.

En quoi la crise sanitaire a-t-elle impacté la question de la santé et de la sécurité au travail ?

Pendant la crise, en particulier durant le premier confinement, les questions de santé et de sécurité au travail ont conditionné la poursuite de l’activité. Les organisations ont dû concilier les consignes sanitaires, nombreuses, complexes et changeantes, avec les contraintes professionnelles. Confrontés à cette double contrainte, les opérationnels ont dû se réapproprier cette question qui était le plus souvent traitée par des fonctions « expertes » ou des cabinets externes. Cela a réinterrogé les places respectives de la prévention normée et prescrite par rapport à la prévention gérée sur le terrain. Cette reprise en main par les opérationnels les a amenés à rechercher au quotidien un équilibre entre l’acceptabilité du risque et les contraintes opérationnelles. La crise a fait passer la prévention du statut de contrainte à celui de levier qui permet de poursuivre l’activité. Elle a permis de l’intégrer comme une composante de l’activité professionnelle.

Cela ouvre-t-il de nouvelles perspectives ?

La crise sanitaire ouvre une opportunité pour envisager une culture plus intégrée de la prévention et de l’amélioration des conditions de travail, dans le sens de l’implication d’une pluralité d’acteurs et de l’intégration dans les enjeux et les fonctionnements globaux des organisations. Pour être utile et pertinente au quotidien, la prévention doit se rapprocher du travail réel. Par ailleurs, cette crise a aussi souligné l’importance des collectifs de travail à travers le passage massif au télétravail d’une partie des actifs. L’augmentation des risques psychosociaux pose question sur l’évolution des organisations, sur la place de chacun. Elle soulève aussi l’enjeu de la position et du soutien managérial.

À quelles conditions cette opportunité peut-elle devenir réalité ?

Il faut une prise de conscience, qui est déjà présente, mais dont le caractère durable reste à vérifier. En tout cas, l’éclairage de cette crise sanitaire vient soutenir un mouvement de fond qui dépasse le cadre professionnel. La société est en demande croissante de prévention des risques professionnels et d’amélioration des conditions de travail. Il y a encore vingt ans, dans certains corps de métier, le risque constituait une composante de la culture professionnelle et il y avait une grande acceptation. J’ai le sentiment que cette attitude reflue au fil des années, les nouveaux entrants sur le marché du travail ont de plus en plus d’attente en matière de prévention des impacts de l’activité professionnelle sur leur santé. S’abîmer au travail est de moins en moins acceptable et les encadrants sont questionnés directement par leurs équipes. Hors Covid, les TMS et les RPS sont parmi les risques les plus impactants aujourd’hui. Or ils sont très corrélés à l’organisation du travail. Alors que les conditions matérielles de réalisation du travail se sont beaucoup améliorées et que le nombre d’accidents reste stable ou baisse, on observe une inquiétude grandissante sur l’absentéisme et les impacts psychosociaux. Cela invite à poser l’organisation du travail au cœur des réflexions sur la santé, la sécurité et les conditions de travail, et partir des conditions réelles de travail doit le permettre.

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins