Les autorités de Pékin ont beau déclarer que les critiques internationales sur la gestion par le gouvernement de la région autonome du Xinjiang (à majorité musulmane) s’apparentent au « mensonge du siècle », des sites officiels proposent néanmoins des groupes de 50 à 100 travailleurs ouïghours aux entreprises situées en dehors de cette région, dans le cadre de ce que le gouvernement appelle « le transfert de main-d’œuvre ». Il s’agit d’un programme quinquennal lancé en 2019 qui vise à « offrir davantage d’opportunités aux paysans en surplus dans la région », selon l’expression consacrée. Non seulement les travailleurs ouïghours sont soumis sur place à des conditions de travail proches de l’esclavage, dans des camps quasi militaires, mais la stratégie de Pékin consiste, en outre, à disséminer le plus possible d’Ouïghours à l’extérieur de la région rebelle, afin de couper court à tout mouvement de protestation. Selon un rapport de l’Australian Strategic Policy Institute, au moins 80 000 de ces travailleurs auraient déjà été transférés en dehors du Xinjiang entre 2017 et 2019, ces estimations étant vraisemblablement largement en deçà de la réalité.