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Réorganisation : Chanteclair se prépare à la reprise

Le point sur | publié le : 26.04.2021 | Lucie Tanneau

Sauvé par la fabrication de masques en 2020, le fabricant textile aubois a dû se résoudre à recourir au chômage partiel. Depuis mars, la majorité des 35 salariés est à l’arrêt. Quelques-uns travaillent à temps partiel pour trouver de nouveaux marchés et réorganiser les process internes, avant le redémarrage.

En mars 2020, les machines de l’usine Chanteclair, fabricant de textile installé à Saint-Pouange dans l’Aube (Grand Est) se sont arrêtées. Comme une grande majorité de Français, les 35 salariés se sont retrouvés sidérés, et chez eux, au chômage partiel. Mais très vite, l’État a lancé un appel à fabriquer des masques et le gérant Thomas Delise, qui a repris la société trois ans auparavant, a rappelé les collaborateurs pour développer, fabriquer et vendre sur le marché des masques en tissu, très rapidement certifiés par l’Association française de normalisation (Afnor) et portés par le Président de la République Emmanuel Macron dès le début du mois de mai. Le chômage partiel n’aura duré que quelques semaines et les collaborateurs sont fiers de retrouver leur travail avec une mission utile : « protéger les Français ».

« Durant les mois qui ont suivi, en 2020, on a beaucoup travaillé », raconte Thomas Delise, qui ne publiera pas le chiffre d’affaires de l’année pour ne pas aiguiser l’appétit des fournisseurs (Chanteclair réalisait 1,5 million d’euros de CA en 2019). Du mois d’avril à fin août 2020, la production s’est concentrée principalement sur les masques, puis sur la réalisation des commandes qui avaient été ajournées avec la crise. « Jusqu’en décembre, on a vraiment repris notre activité de production, presque comme avant. Puis on a senti le vent tourner : il n’y a pas eu de salon en septembre et pas de salon signifie pour nous pas de commandes », regrette-t-il (les salons représentent 50 % du chiffre d’affaires de la société fondée en 1973). Il participe à quelques événements virtuels mais le taux de transformation est très faible et Thomas Delise a l’impression « de jeter l’argent par les fenêtres alors que les clients ne peuvent pas toucher les tissus et donc ne commandent pas ».

Chanteclair est parvenue à garder les salariés en activité jusqu’à fin février sans faire appel au dispositif de chômage partiel proposé par l’État, mais s’est résolue à l’utiliser en mars. « Mes salariés s’y attendaient : ils ont des amis dans d’autres usines textiles de la région qui utilisaient le dispositif depuis des mois et savaient que ça allait venir. » Le cabinet comptable a alors monté le dossier de demande d’aides, vite accepté alors que « tout le secteur textile est à l’arrêt ».

Pas de temps mort

Reste que le dirigeant textile ne veut pas que ce « temps mort » ne serve à rien. « Pour être entrepreneur, il faut être optimiste et avancer toujours », plaide cet homme de 36 ans. Lui et sa directrice de site, fille de l’ancien gérant et fondateur de la société, ne sont pas au chômage partiel, et ses deux commerciaux « tournent à plein » afin de retrouver des clients et des commandes pour préparer la reprise. « Les commandes du Japon commencent à revenir », se réjouit-il. Le responsable de la matière continue, lui aussi, de travailler, à temps partiel, pour créer de nouvelles matières et commencer à en vendre directement, ce que ne faisait pas Chanteclair dans le passé, afin de se développer sur un nouveau marché. Les responsables des process, enfin, gardent eux aussi un pied dans l’usine, « avec des horaires allégés ». « On réorganise, on trie, on range, on analyse nos points de faiblesse et on repense les process internes pour être plus efficace quand l’activité repartira », détaille le directeur qui, sans pouvoir prédire l’avenir, espère que la rentrée de septembre permettra de se relancer vraiment, et d’arrêter le chômage partiel. « Le chômage partiel nous handicape, mais je veux faire de cette faiblesse une force et transformer ce moment en quelque chose de positif : ce rangement et cette réorganisation sont des choses que l’on n’a pas le temps de faire en temps normal », avoue-t-il.

Même si la période « est compliquée » à vivre et qu’il anticipe une crise du textile jusqu’au moins fin 2022, Thomas Delise veut rester positif. « La façon la plus sûre est d’essayer autre chose. On pourrait mettre tout le monde au chômage et attendre de voir. Mais je préfère trouver de nouveaux appels d’offres, regarder du côté des marchés européens et essayer, encore », poursuit-il. Dans l’industrie, arrêter et redémarrer les machines est toujours un sujet. Dans une PME de 35 personnes, le sujet est crucial : ancien banquier d’affaires, le dirigeant est en train de déployer un ERP pour faciliter le redémarrage et optimiser la production dans l’avenir !

Auteur

  • Lucie Tanneau