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Sur le terrain

Sourcing : Korian s’appuie sur trois dispositifs pour trouver du personnel

Sur le terrain | publié le : 19.04.2021 | Irène Lopez

Objectif prioritaire pour le groupe spécialisé dans la prise en charge de la dépendance, le recrutement est plus qu’un casse-tête. Outre la VAE et l’apprentissage, l’entreprise fait le pari d’accompagner des salariés volontaires vers une reconversion professionnelle dans le cadre du dispositif Emplois passerelle. La première promotion a été lancée le 7 avril 2021.

« Nous étions 22 000 collaborateurs, il y a quatre ans, à mon arrivée. Nous sommes aujourd’hui 26 000 en France », détaille Nadège Plou, DRH France de Korian. Des départs à la retraite, un turn-over de 15 % (légèrement inférieur au secteur) et un groupe qui continue de croître sont les principales raisons qui obligent Korian à recruter 5 000 salariés en CDI tous les ans. Parmi ses recrutements, la moitié concerne des postes d’aides-soignants. Où et comment trouver 2 500 aides-soignants alors que dans le secteur de la santé et des soins, toutes entreprises confondues, 10 % des emplois sont non pourvus ? « Nous nous sommes vite rendu compte que le marché de l’emploi est contraint. Il est difficile de recruter des personnes de qualité, diplômées d’État. Nous avons donc mis en place trois sources de recrutement », explique la DRH.

La première est la validation des acquis de l’expérience (VAE). Korian accompagne ainsi 300 à 400 personnes qui souhaitent devenir aides-soignantes. Cette VAE concerne généralement des agents de service hospitalier en charge du nettoyage. L’accompagnement repose sur une préparation du dossier de preuves, le passage devant un jury ainsi que l’acquisition de « quelques briques théoriques manquantes », selon le service RH de Korian, qui se félicite du résultat obtenu : au sein du groupe, 70 % des personnes accompagnées obtiennent le diplôme d’aide-soignants contre 24 % en moyenne pour les salariés ayant entrepris la démarche seuls.

« La VAE fonctionne bien. Mais ce n’est pas suffisant, commente Nadège Plou. Nous devions continuer à faire bouger le système. En 2017, il n’y avait que 37 apprentis aides-soignants sur 18 régions ! Aujourd’hui, après un travail auprès des différents ministères et une libération des quotas pour les apprentis, nous sommes arrivés à un total de 500 apprentis aides-soignants. » Deuxième solution de recrutement pour Korian et vecteur de formation, l’apprentissage s’adresse aussi bien à des personnes au sein de l’entreprise qu’à des personnes éloignées de l’emploi. Près de 1 000 personnes seront formées en 2022.

Un détachement de 14 mois

Restent plus de 1 500 personnes à embaucher. « Quel autre outil de formation peut-on mettre à notre disposition sans minorer le diplôme, c’est-à-dire sans proposer un “diplôme allégé” ? » Telle est la question que s’est posée la DRH de Korian, qui a trouvé une solution, à travers les « emplois passerelle », troisième source de recrutement du groupe.

Il s’agit de créer un pont pour des salariés volontaires de plus de 30 ans travaillant dans des entreprises (de tous secteurs) qui souhaitent se reconvertir chez Korian. « Cette passerelle est faite avec des sociétés qui ne sont pas concernées par des plans de sauvegarde de l’emploi, insiste la DRH. Les salariés concernés ne sont pas sur le carreau et ne passeront pas par la case Pôle emploi. »

Concrètement, les salariés intéressés par une reconversion chez Korian vont bénéficier d’un détachement de 14 mois, tout en conservant leur CDI. Leur salaire continuera d’être payé pour 60 % par leur entreprise d’origine et pour 40 % par l’État.

Chez Korian, la future recrue est accompagnée par un salarié, tuteur à temps plein. Pendant plus d’un an, le salarié en reconversion est formé grâce à des mises en situation, des cours en présentiel et à distance. À l’issue de la formation, il deviendra aide-soignant en CDI à temps complet s’il a obtenu son diplôme. En pratique, une attention particulière est accordée aux qualités émotionnelles du candidat à la reconversion. Un équilibre personnel est nécessaire pour exercer le métier d’aide-soignant et faire face à la fin de vie.

Est-ce un dispositif coûteux ? « Le coût pour Korian serait de ne pas réussir à recruter, de manquer de personnel et de ne pouvoir apporter le service nécessaire à nos résidents. Le coût, ce serait de recruter des personnes mal formées », insiste la DRH France. Le salaire d’un aide-soignant en début de carrière est inférieur à 2 000 euros, selon les données 2019 fournies par Indeed et Glassdoor. Chez Korian, il est supérieur à 2 400 euros, selon Nadège Plou.

Une trentaine de salariés de Derichebourg Multiservices, acteur dans les services aux entreprises et aux collectivités, font partie de la première promotion, dont la formation a commencé le 7 avril 2021. Ils devraient bientôt être rejoints par des collaborateurs de Monoprix.

Auteur

  • Irène Lopez