logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Sur le terrain

Diversité : Nike lance une course à l’inclusion

Sur le terrain | publié le : 19.04.2021 | Caroline Crosdale

Nike se lance dans une course à cinq ans pour renforcer la diversité dans ses rangs. L’objectif est d’accroître la présence des femmes et des minorités parmi la population cadre.

Numéro un mondial des chaussures et vêtements de sport, Nike a décidé d’accélérer sur la diversité. Le groupe veut féminiser ses rangs et compter davantage de représentants des minorités dans ses bureaux. Car, comme l’explique son rapport annuel sur la diversité et l’inclusion, la mort brutale de George Floyd lui a fait prendre conscience de « l’injustice raciale systématique » sévissant en Amérique. Une injustice inacceptable, car la puissante marque Nike « ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui sans les contributions de ses athlètes noirs ».

Nike prend donc rendez-vous avec l’histoire sur ces deux sujets sensibles, les femmes et la race, statistiques à l’appui. Les femmes représentent aujourd’hui 49,5 % des effectifs du groupe de Beaverton. Et 41 % de ses cadres féminins peuplent les rangs des vice-présidences et au-delà. L’objectif à cinq ans est d’atteindre l’égalité en nombre entre les unes et les autres et d’avoir 45 % de femmes vice-présidentes. Pour la première fois de son histoire, la direction de Nike a décidé de lier la rémunération de ses cadres aux efforts de promotion de la diversité dans leur service.

Plaintes pour discrimination

Cet objectif ambitieux est nouveau pour le leader mondial. Nike, en effet, n’a pas toujours su traiter ses employées sur un pied d’égalité. La preuve, en 2018, quatre femmes ont porté plainte pour discrimination salariale et harcèlement sexuel. Leur action collective a fini par attirer 500 représentantes du deuxième sexe. L’une d’elles, Kelly Cahill, directrice du marketing, a déclaré gagner 20 000 dollars de moins par an qu’un collègue masculin occupant le même poste. D’autres salariées ont dénoncé l’ambiance pesante du bureau. Un cadre, par exemple, a été accusé d’avoir lancé ses clefs à son assistante en la traitant de « stupide garce ». Un autre laissait traîner des magazines aux unes dénudées sur son bureau et se vantait d’avoir toujours des capotes dans ses poches.

Lorsqu’un sondage en interne réalisé auprès des femmes concernées a fini par atterrir sur le bureau de Mark Parker, le numéro un de l’époque, une enquête a vite été diligentée. Une douzaine de cadres supérieurs, parmi lesquels Trevor Edwards, le président de la marque Nike, ont été remerciés. Les FOT (Friends of Trevor), les amis de Trevor, ne sont plus à Beaverton aujourd’hui et des mesures correctives ont été adoptées. À la fin de 2018, 7 000 employés hommes et femmes ont vu leur salaire augmenter et le calcul des bonus annuels a été modifié. Aujourd’hui, Nike revendique d’avoir atteint l’égalité en matière de rémunérations. Et la féminisation des rangs est en bonne voie. En 2015, on comptait 27 % de femmes parmi les vice-présidents. Cinq ans plus tard, elles sont 41,1 %. Au conseil d’administration, on est passé de trois à quatre administratrices en cinq ans. Le bon élève Nike tient enfin à souligner ses efforts de recrutement de stagiaires : l’an dernier, 55 % des 310 nouveaux venus étaient des femmes. Et 49 % faisaient partie de « minorités ethniques ».

Car le plan à cinq ans de Nike met aussi l’accent sur les inégalités raciales. Pour diversifier le profil des nouveaux entrants, les liens avec les HBCU (Historically Black Colleges and Universities) et les HSI (Hispanic Serving Institutions) sont renforcés. La direction du groupe vante son nouveau programme d’apprentissage, lancé avec la star du tennis Serena Williams. Il existe aussi un plan de formation de deux ans pour les femmes en Nike (Women in Nike) qui s’adresse aux anciennes basketteuses professionnelles. L’an dernier, les minorités représentaient 58,1 % de l’ensemble des personnels.

Les alliés des minorités

Mais les professionnels des ressources humaines chez Nike le savent bien, il ne suffit pas de diversifier ses effectifs, il faut aussi les garder en leur faisant miroiter une évolution de carrière. C’est pourquoi des sommets de trois jours pour 370 vice-présidents ont été créés afin de peaufiner leurs qualités de leader. Ils doivent se faire les avocats et les alliés de leurs employés minoritaires. Nike leur a ainsi demandé de suivre les cours de l’université NorthWestern. Et l’ensemble des 75 000 employés américains sont priés de se former en ligne sur les inégalités raciales et les micro-agressions avec l’université de la Californie du Sud. L’objectif pour 2025 : atteindre 30 % de Minoritaires chez les directeurs et 35 % du côté des vice-présidents. À Nike de rester fidèle à son slogan marketing : « Just do it ».

Auteur

  • Caroline Crosdale