Les conventions FNE pour 2021 viennent d’être signées entre le ministère du Travail et les Opco. Une enveloppe de 390 millions d’euros est mise sur la table pour financer 48 000 parcours longue durée de formation ou de reconversion pour les salariés des entreprises les plus impactées par la crise.
Comme en 2020, les Opco sont invités à absorber les chocs économiques dus à la crise sanitaire. Mi-avril, de nouvelles conventions-cadres impliquant le ministère du Travail et dix opérateurs de compétences (Afdas, Akto, Atlas, Constructys, Ocapiat, Opco EP, Opcommerce, Opco Mobilités, Opco Santé et Uniformation) ont été signées afin de financer des parcours de formation et de reconversion pour 48 000 entreprises de leur réseau dont les emplois sont menacés. Les salariés en activité partielle – de droit commun ou de longue durée – ainsi que les salariés d’entreprises en difficulté devant se préparer à la sortie de crise sont principalement concernés. 240 millions d’euros provenant du FNE-Formation ont été mis sur la table à cet effet et s’ajoutent aux 150 millions d’euros déjà engagés en février lors de la signature de la toute première convention, avec l’Opco2i, celui des branches industrielles, dans le cadre du programme Relance Industrie. Montant total de l’enveloppe : 390 millions d’euros pour 2021, avec quelques grincements de dents au passage : « Sans que l’on sache exactement pourquoi, la convention d’Opco2i a été signée en amont de toutes les autres. Forcément, les enveloppes des autres opérateurs de compétences ont été un peu rabotées par rapport à ce qui était prévu à l’origine », confie un responsable d’Opco.
Faute d’information du ministère ou de la DGEFP (interrogée par Entreprise &Carrières, cette dernière a indiqué qu’elle « ne communiquait pas » sur les montants des 11 enveloppes et le nombre de salariés concernés dans chaque filière), difficile de connaître la ventilation exacte des fonds FNE, Opco par Opco. L’an passé, les trois principaux bénéficiaires furent Akto (l’Opco des entreprises de services à forte intensité de main-d’œuvre dont les besoins importants s’expliquaient par la mise à l’arrêt depuis près d’un an de plusieurs de ses branches adhérentes comme l’hôtellerie-restauration), Opco2i et Atlas, l’opérateur des banques, des assurances et du conseil. Dans les grandes lignes, le tiercé de tête demeure le même en 2021. Mais avec quelques changements. Ainsi, chez Atlas, la dotation de cette année s’inscrit dans une tendance nettement à la baisse par rapport à 2020. De 64 millions d’euros en 2020, sa dotation a été réduite à hauteur de 38 millions d’euros. Logique, à en croire Nicolas Ravier, directeur de la transformation de l’Opco Atlas : « Chez nous, les principaux consommateurs de ces fonds sont les bureaux d’études techniques dont l’activité redémarre doucement. Il y a moins de demandes que l’an dernier et celles qui nous parviennent concernent des parcours plus structurés », explique-t-il.
Une situation pas tellement différente de celle d’Ocapiat, l’opérateur de compétences de l’agro-industrie (6,5 millions d’euros, 3 000 parcours en projet). En 2020, les fonds que lui avait accordés le FNE-Formation avaient surtout été fléchés vers des programmes de formation de courte durée, réalisés à distance par le biais du digital. Mais en 2021, avec les vives alertes sur les métiers de la maintenance, de l’élevage, de la production, de la pêche, de l’horticulture ou de la viticulture, les besoins recensés exigent davantage de reconversions lourdes ou de soutien massif aux entreprises confrontées à des mutations économiques et industrielles : « Nous avons vu apparaître des formations en lien avec l’accompagnement des entreprises dans la digitalisation de leur activité, les logiciels liés au numérique, la sécurité alimentaire, les compétences techniques, les caractéristiques des produits. Les entreprises se saisissent du dispositif pour construire et anticiper », décrypte ainsi Dominique Braoudé, le président de l’Opco.
Dans le secteur de la grande distribution et du commerce de proximité, c’est la nécessité de repenser le commerce en mode « monde d’après » (vente en mode omnicanal, fluidification des parcours clients dans les points de vente, développement de la RSE dans la grande distribution…) qui a fixé le cap des 6 000 parcours de formation à l’agenda de l’Opcommerce pour 37 millions d’euros. Quant aux 10 000 formations programmées par l’Opco Mobilités (30 millions d’euros), elles seront essentiellement consacrées aux reconversions dans une filière automobile fortement impactée par la décroissance des ventes et les transformations technologiques de l’activité, mais aussi dans les secteurs ayant eu à souffrir en profondeur de la crise comme les agences de voyages ou le transport de voyageurs. Constructys (BTP) consacrera, pour sa part, ses 5 millions d’euros au financement de 792 parcours de formation. En queue de peloton, l’Opco Santé, dont la dotation ne s’élève qu’à 750 000 euros. Pas surprenant, toutefois, chez un opérateur de compétences « dont les branches, à l’exception du thermalisme, sont restées actives, massivement mobilisées par la crise sanitaire », explique Sylviane Leclercq, responsable de mission au sein de l’opérateur de compétences.
Le ministère du Travail a cependant cadré l’enveloppe des dépenses (lire l’encadré). Sur les 48 000 parcours de formation sélectionnés, seront prises en charge les reconversions permettant aux salariés de changer de métier ou de secteur d’activité au sein de la même entreprise, mais aussi les parcours certifiants susceptibles de mener à l’acquisition d’un diplôme, d’un titre professionnel, d’un certificat de qualification professionnelle (CQP) ou interbranches (CQPI). Les parcours compétences spécifiques contexte Covid-19 ayant conduit à une nouvelle organisation, de nouveaux marchés, de nouveaux procédés ainsi que les parcours entrant dans le champ de l’anticipation des mutations de type numériques ou environnementales.
Dans le cadre de ses financements 2021, les conventions Opco/FNE ciblent quatre types de parcours spécifiques. Détail :
• Le Parcours reconversion permettant à un(e) salarié(e) de changer de métier ou de secteur d’activité au sein de la même entreprise ;
• Le Parcours certifiant permettant à un(e) salarié(e) d’acquérir un diplôme, un titre professionnel, un certificat de qualification professionnelle ou interbranches ;
• Le Parcours compétences spécifiques contexte Covid-19 ayant conduit à une nouvelle organisation, de nouveaux marchés, de nouveaux procédés… ;
• Le Parcours anticipation des mutations qui vise à permettre une bonne appropriation des outils et méthodes de travail par le/la salarié(e) : numérique, écologie et compétences « métier » spécifiques.