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« La vaccination ne peut qu’être lente »

L’actualité | publié le : 19.04.2021 | Gilmar Sequeira Martins

Alors que la médecine du travail s’attire des critiques pour sa lenteur à vacciner contre la Covid-19, Anne-Michèle Chartier, présidente de la CFE-CGC Santé au Travail, rappelle les conditions dans lesquelles se déroule la campagne de vaccination pour les professionnels de santé chargés de veiller sur les salariés.

Pourquoi la vaccination des salariés est-elle si lente ?

Nous avons eu accès à des flacons d’AstraZeneca, or la polémique sur les risques thrombo-embolique a engendré des restrictions. Nous pouvons vacciner uniquement les personnes de plus de 55 ans et cela a réduit les demandes. Le 12 avril, la direction générale de la santé (DGS) nous informe que chaque professionnel de santé, dont les médecins du travail, ne peut plus commander de vaccin AstraZeneca. Les professionnels peuvent commander durant la semaine un flacon de cinq doses de vaccin Janssen [de Johnson &Johnson – NDLR], qui sera livré le 21 ou le 22 avril. La DGS nous informe par ailleurs d’un arrivage d’un million de doses le 26 avril et précise qu’elle nous informera de la date à partir de laquelle nous pourrons commander. Avec cinq doses sur les trois prochaines semaines, la vaccination ne peut qu’être lente. À cela s’ajoute le fait que le vaccin Janssen est basé sur le même principe d’élaboration que celui d’AstraZeneca. Il n’y a aucune raison qu’il n’ait pas les mêmes effets et les mêmes contre-indications. Du fait du risque thrombo-embolique, il devrait aussi être réservé aux plus de 55 ans.

Quels moyens faudrait-il mobiliser pour vacciner massivement les salariés ?

Il faudrait avoir un nombre de doses suffisant. Durant les trois prochaines semaines, chaque médecin du travail (de même que les infirmiers et médecins libéraux) obtiendra un flacon et pourra faire cinq injections de Janssen. Nous ne pouvons vacciner, dans les services de santé au travail, qu’avec les vaccins AstraZeneca ou Janssen. Leur mode de conservation est compatible avec un réfrigérateur normal. Un recours aux vaccins Pfizer et Moderna pourrait être envisagé, mais ils doivent être conservés à des températures très basses, or nous n’avons pas ce type de moyens. Une option possible serait de les stocker dans les pharmacies, qui sont souvent proches des lieux de vaccinations, et d’aller les chercher juste avant l’injection, mais les pharmacies ne disposent pas d’appareils pour conserver ces vaccins à basse température.

Que peuvent faire les entreprises ?

Faute de doses, nous n’avons pas sollicité les employeurs pour qu’ils lancent une campagne d’information massive auprès de leurs salariés. D’autant moins que l’AstraZeneca était destiné à des personnes atteintes de comorbidité, ce qui rendait difficile la vaccination en entreprise avec le risque de désigner les personnes atteintes de co-morbidité. L’ouverture, depuis le 12 avril, de la vaccination à toutes les personnes de plus de 55 ans sans comorbidité supprime ce frein. Si nous avons les doses, nous pouvons vacciner entre 30 à 40 personnes en une après-midi. Mais attention, les services de santé ne peuvent pas s’y consacrer à plein temps. Ils doivent remplir d’autres missions qui sont aussi importantes pour les salariés. C’est la disponibilité des doses qui conditionnera la mobilisation des services de santé. Nous nous adapterons à la situation.

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins