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États-Unis : Amazon gagne une bataille contre les syndicats, mais pas celle de l’opinion publique

L’actualité | Internationale | publié le : 19.04.2021 | Lys Zohin

Alors que les salariés d’un entrepôt d’Amazon, en Alabama, ont finalement rejeté l’idée de se syndiquer, le géant du e-commerce n’en a pas fini avec le National Labor Relations Board (NLRB), l’agence fédérale chargée de surveiller les pratiques en matière de droit du travail. D’abord, le syndicat défait a annoncé qu’il allait faire appel des résultats du vote auprès de l’agence, arguant qu’Amazon avait manipulé et mis sous pression ses salariés pour qu’ils s’expriment contre une syndicalisation, mais en plus, le NLRB lui-même a l’intention de lancer une enquête plus générale sur les pratiques de gestion du personnel de l’entreprise. Il a en effet reçu près d’une quarantaine de plaintes de la part de salariés ou d’anciens salariés, déclarant qu’ils avaient fait l’objet de mesures disciplinaires ou avaient été licenciés pour avoir ouvertement critiqué leurs conditions de travail. La direction d’Amazon a déjà trouvé un accord pour dédommager, à titre individuel, certains de ces plaignants – tout en maintenant qu’elle rejetait leurs arguments en matière de conditions de travail. Mais si le NLRB constate qu’Amazon viole de façon systématique le droit du travail, il pourrait lui infliger une amende nettement plus lourde que les fonds déboursés pour ces accords à l’amiable. Ces sanctions financières n’auraient cependant qu’un impact limité sur l’entreprise, puisqu’elle a engrangé un bénéfice de plus de 21 milliards de dollars en 2020.

Reste enfin la bataille de l’opinion publique. Plusieurs élus au Congrès avaient soutenu les travailleurs d’Amazon dans leur volonté de s’affilier à un syndicat. Et certains investisseurs avaient incité la direction d’Amazon à ne pas se mettre en travers de cette initiative, très médiatisée et qui a également mis en lumière les pratiques de gestion humaine d’Amazon. La pression pour que ces pratiques cessent et que les conditions de travail s’améliorent n’a donc fait que croître. Michael Pachter, un analyste financier qui suit Amazon pour le fonds d’investissement Wedbush, a déclaré dans la presse qu’Amazon serait bien inspiré d’évoluer… De fait, ce ne sont pas tant les salaires qui sont en cause – Amazon s’est d’ailleurs positionné en faveur d’une augmentation du salaire minimum fédéral à 15 dollars de l’heure, comme le souhaite l’Administration Biden – « c’est la question du contrôle », explique Rebecca Kolins Givan, professeure de management et de relations avec les syndicats à l’université Rutgers. Et là, Amazon n’a pas l’intention de lâcher.

Auteur

  • Lys Zohin