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Sur le terrain

Sourcing : Industeam constitue sa base arrière en Roumanie

Sur le terrain | publié le : 12.04.2021 | Pascale Braun

L’ensemblier franco-luxembourgeois crée une unité de production et de formation dans ce pays d’Europe de l’Est où il est implanté depuis plus de dix ans, et y trouve une main-d’œuvre compétente et motivée.

Ensemblier franco-luxembourgeois spécialisé dans la construction, la maintenance et même le transfert d’équipements industriels d’un pays ou d’un continent à l’autre, Industeam complète, avec la création d’une société roumaine d’une cinquantaine de salariés, un puzzle mondialisé efficace. Basée à Aiud, à la frontière hongroise, Industeam Roumania assurera la fabrication de petites pièces et d’éléments préfabriqués, et le prémontage d’installations qui seront expédiées sur des sites d’Europe, d’Amérique du Nord, du Brésil ou de Thaïlande. Sa main-d’œuvre viendra compléter l’effectif du groupe de 550 salariés basé à Bettembourg, au Luxembourg, qui réalise en France plus de la moitié d’un chiffre d’affaires estimé à 100 millions d’euros en 2021. Le site d’Aiud constituera également la base de formation du personnel roumain appelé à intervenir sur les chantiers luxembourgeois et internationaux d’Industeam.

« Notre implantation roumaine résulte de quinze ans de présence dans ce pays. En 2006, alors que la France venait de rejeter le traité de Maastricht par crainte du plombier polonais, nous sommes allés chercher des plombiers roumains, et nous ne l’avons jamais regretté », assure Thierry Franceschetti, administrateur délégué d’Industeam. Arrivée dans ce pays à l’occasion du transfert d’équipements industriels roumains vers le Mexique, l’entreprise s’est attachée à fidéliser, puis à recruter une équipe d’une dizaine de personnes employées par ses sous-traitants. Elle a progressivement intégré cette main-d’œuvre à ses équipes françaises et luxembourgeoises, au terme d’un processus bien rodé. Les contrats de travail, le règlement, le livret d’accueil et les consignes de sécurité sont traduits en roumain. Si nécessaire, une traductrice assermentée épaule les salariés au cours des six semaines consécutives qu’ils passent sur des chantiers français, luxembourgeois ou belges avant de repartir en congé en Roumanie.

Des salariés bien intégrés

« La Direccte suit de très près les conditions de travail et de logement de ces expatriés et n’y a jamais relevé de problème. Les salariés roumains, qui sont aujourd’hui au nombre d’une vingtaine, se sont parfaitement intégrés à notre effectif et il ne viendrait à l’idée de personne de leur reprocher de prendre le travail des Français », assure Béatrice Delhotal, directrice des ressources humaines d’Industeam. Venus d’un pays où le salaire mensuel minimum dépasse à peine 450 euros par mois, les mécaniciens, tuyauteurs ou soudeurs roumains considèrent comme une chance l’opportunité d’être recrutés au smic dans le cadre de contrats français pour les chantiers hexagonaux ou au salaire de base grand-ducal – 2 000 euros par mois pour 40 heures hebdomadaires – pour les chantiers luxembourgeois ou à l’export. Ces rémunérations progressent ensuite au fil de l’ancienneté. Industeam trouve pour sa part dans la main-d’œuvre roumaine une compétence mécanique, une souplesse d’exécution et une qualité de service particulièrement appréciées.

Créée voici quinze ans par deux salariés, Industeam a changé de taille, mais aussi de secteurs d’activité, passant de la sidérurgie à l’industrie manufacturière, puis aux énergies renouvelables, tout en jonglant continuellement avec des conventions collectives, des réglementations et des pays différents. Le groupe, qui a absorbé fin 2019 trois sociétés totalisant 180 salariés en France et au Luxembourg, instaure dans toutes ses unités la culture de la transparence et du résultat. « L’action des ressources humaines ne se voit pas, mais elle joue un rôle essentiel dans la cohésion de l’entreprise », salue Thierry Franceschetti. Cet esprit de corps s’est concrétisé de part et d’autre en 2020. Les salariés ont utilisé tous leurs jours de congé et en ont parfois même fait don à l’entreprise durant le premier confinement. Ils se sont pleinement mobilisés dès la reprise et Industeam, qui avait perdu 20 millions d’euros de chiffre d’affaires en six mois, est parvenu à engranger l’équivalent de 30 millions d’euros de commandes. Son dirigeant a donc redistribué des primes de fin d’année à son personnel, qui pensait devoir y renoncer. Les salariés ont obtenu, fin 2020, l’équivalent de 70 % des primes obtenues au terme de la très bonne année 2019.

Auteur

  • Pascale Braun