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Le fait de la semaine

Télétravail, formation… : Les contraintes du reconfinement

Le fait de la semaine | publié le : 12.04.2021 | Benjamin d’Alguerre

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Télétravail, formation… : Les contraintes du reconfinement

Crédit photo Benjamin d’Alguerre

Le mois d’avril sera confiné. Plus souplement qu’en 2020 (les sorties durant la journée restant possibles entre 6 heures et 19 heures), mais confiné tout de même. Toutefois, ce nouveau durcissement sanitaire s’accompagne de contraintes supplémentaires pour les salariés, notamment ceux en charge d’enfants, mais aussi aux organismes de formation et aux opérateurs de l’emploi.

Parents de deux enfants en bas âge, Franck et Aline1 ont pris l’annonce du nouveau confinement comme un coup de massue. Et pour cause : comme l’a annoncé Emmanuel Macron le 31 mars dernier à l’occasion de son allocution télévisée, les écoles resteront fermées jusqu’au 26 avril pour les maternelles et les primaires et jusqu’au 3 mai pour les niveaux collège et lycée. Mêler télétravail et garde d’enfants comme ils l’ont fait au premier confinement ? Ils ne tiennent pas à revivre ça, merci bien ! Décaler leurs vacances pour qu’elles collent à la nouvelle carte scolaire nationale unique (du 12 au 25 avril) ? Délicat, même si un décret du ministère du Travail invite les employeurs à faciliter les demandes des salariés en ce sens. Placer les enfants en crèche pendant la journée ? Impossible, elles sont également fermées pour limiter les risques de contamination. Dans ces conditions, pas le choix : l’un des deux va devoir être en activité partielle. Franck étant freelance dans l’audiovisuel sans entreprise fixe et avec des revenus en dents de scie depuis un an, ce sera forcément à Aline, salariée dans une entreprise de communication de la région lyonnaise, de s’y coller. Son employeur, à qui l’État octroie un reste à charge zéro sur la prise en charge des rémunérations, n’a pas fait la fine bouche pour accéder immédiatement à sa demande de chômage partiel. Mais il n’a pas prévu non plus de rallonge salariale exceptionnelle pour compenser la perte de rémunération de cette cadre moyenne qui devra tenir le mois avec 84 % de son salaire de presque 1 800 euros net. Pour Aline et Franck, ce nouveau mois de confinement sera synonyme de serrage de ceinture.

Chômage partiel étendu

La situation est inédite. « Lors du premier confinement, les salariés contraints à la garde d’enfants avaient le choix entre l’arrêt de travail et la demande d’activité partielle. L’arrêt de travail n’ayant pas été retenu comme une possibilité cette fois-ci, le chômage partiel devient l’unique option si le télétravail n’est pas une alternative envisageable, mais l’État a ajouté une contrainte supplémentaire en précisant qu’un seul des deux parents peut formuler une telle demande. Cela risque de créer des situations extrêmement complexes. Ce choix me laisse perplexe », confie Benoît Serre, directeur associé au Boston Consulting Group et vice-président de l’Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH). Pour l’heure, impossible de savoir combien de parents contraints à la garde d’enfants sont concernés, ni l’impact de la mesure sur les entreprises. Si les assistant(e) s maternel (les), autorisés à travailler pendant ce nouveau confinement pourront sans doute en soulager une partie, les directions des ressources humaines, elles, redoutent tout de même des conséquences sur les collectifs de travail, notamment pour les collègues sans enfant sur lesquels retombera la charge de travail. « D’après nos remontées, la solidarité joue toujours au sein des entreprises. Les employeurs s’arrangent avec les collègues coincés chez eux pour garde d’enfants pour que ceux qui ont déposé des vacances au même moment, par exemple, les décalent. Ou pour répartir la charge de travail entre ceux qui restent. Les collègues eux-mêmes font toujours globalement preuve de bienveillance. Mais un an après le premier confinement, on constate un certain agacement dans les équipes. Les gens veulent bien continuer à faire des efforts, mais à condition que la stratégie vaccinale du gouvernement porte ses fruits. Les salariés sont fatigués, les managers lessivés et les entreprises épuisées », poursuit Benoît Serre. Même sentiment chez Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef affirmant que cet effort d’avril devrait être « le dernier ». Notamment pour les commerces « non essentiels » désormais fermés eux aussi dans le cadre de ce nouveau confinement. Le 31 mars dernier, 46 nouveaux secteurs rejoignaient la liste de ceux déjà fermés par décision administrative depuis un an et désormais éligibles à une prise en charge de l’activité partielle à 100 %. Parmi eux, les commerçants de foires et salons, les wedding planners, les agents et courtiers d’assurances, les instituts de sondage ou, d’une manière générale, toutes les activités de commerce, d’industrie ou de services réalisant plus de 50 % de leur chiffre d’affaires avec les entreprises de la restauration, du tourisme ou de l’événementiel.

OF ouverts, CFA en vacances d’office

Mais ce nouveau confinement va aussi peser sur l’activité des acteurs de l’emploi et de la formation. Le premier confinement de mars avait contraint ces derniers au passage à l’enseignement distanciel. Organismes de formation et CFA avaient dû se mettre d’urgence au e-learning massif. Pas toujours avec succès malgré la mobilisation du ministère du Travail et de certains partenaires institutionnels comme l’Afpa pour mettre à leur disposition plateformes numériques et contenus pédagogiques online. Cette fois, le confinement devrait s’avérer plus doux. Les organismes de formation (incluant l’Afpa) pourront ainsi continuer d’accueillir les stagiaires pour les besoins de la formation professionnelle lorsqu’elle ne peut être effectuée à distance, dans le strict respect des mesures sanitaires. Les CFA, en revanche, qui accueillent aussi un public mineur, seront d’office placés en vacances et n’assureront aucune formation du 12 au 25 avril après avoir tenu une première semaine de confinement en 100 % distanciel. Pour leur part, les opérateurs chargés de la mise en œuvre des politiques de l’emploi au niveau territorial, notamment Pôle emploi, l’Apec, les missions locales, les Cap emploi, les opérateurs de conseil en évolution professionnelle (CEP) restent ouverts et assurent la continuité du service public pendant le confinement. En espérant que ces mesures provisoires ne seront pas amenées à durer…

(1) Les prénoms ont été modifiés à leur demande.

Auteur

  • Benjamin d’Alguerre