Un groupe de femmes mexicaines a déposé plainte auprès de l’État mexicain, accusant les États-Unis de violer l’accord commercial États-Unis-Mexique-Canada en n’appliquant pas les règles concernant la discrimination de genre dans les programmes de visas de travail temporaire. Entré en vigueur en 2020, l’accord inclut un chapitre sur les conditions de travail. Il prévoit que les salariés puissent déposer plainte auprès de leurs autorités. Avec ce dépôt de plainte, le ministère du Travail mexicain peut désormais mener une enquête puis, éventuellement, poursuivre le gouvernement des États-Unis. Dans leur plainte, les Mexicaines qui demandent un visa de travail font valoir qu’elles seraient dirigées vers des emplois mal payés aux États-Unis, quand elles ne sont pas tout simplement exclues du système de visas temporaires, pour des travaux agricoles ou autres. En outre, elles doivent souvent faire face à du harcèlement sexuel sur leur lieu de travail aux États-Unis, sans possibilité de demander de l’aide. Là encore, cette situation contrevient aux termes de l’accord. Jusqu’à présent, ce sont surtout les conditions de travail au Mexique qui ont fait l’objet de critiques. Les syndicats américains affichent l’intention de porter plainte pour les conditions de travail moins bonnes au Mexique qu’aux États-Unis, ce qui s’apparenterait à de la concurrence déloyale. Pour les juristes, la plainte des femmes mexicaines rappelle que le chapitre sur les conditions de travail s’applique aux salariés des trois pays signataires. « Le chapitre ne s’adresse pas qu’au Mexique », a ainsi déclaré Lance Compa, professeur de droit du travail à l’université Cornell et membre de la commission de règlement des différends sur les conditions de travail mise sur pied dans le cadre de l’accord. « Cette plainte va permettre de tester le texte, en s’appuyant sur l’activisme des migrants et leur volonté d’en finir avec les discriminations genrées », a-t-il ajouté.