Combien, parmi les millions de salariés d’entreprises de moins de onze salariés, auront voté aux élections professionnelles qui se sont déroulées par voie électronique et par correspondance, du 22 mars au 4 avril ? Dix pour cent, comme lors du premier scrutin du genre, organisé en 2012 ? Un peu plus de 7 % comme en 2017, ou encore moins ? Certes, le contexte de crise sanitaire et économique ne plaidait pas en faveur d’une large participation des salariés concernés, mais le constat est immuable : les « moins de onze » restent un immense désert syndical. Les patrons de TPE ne font guère d’efforts pour favoriser l’implantation d’un syndicat, quand ils ne sanctionnent pas les salariés désireux de créer une section d’entreprise. Mais les confédérations ont, elles aussi, leur part de responsabilité. Le long mouvement des gilets jaunes a suffisamment montré que les vieux syndicats avaient bien du mal à parler à la base. Tout particulièrement aux jeunes, désireux d’entendre un autre discours sur des sujets comme la transition écologique, par exemple. Déploiement d’une offre de services, ouverture de permanences, de boutiques syndicales, recours accru au numérique, les organisations syndicales sont bien conscientes du chemin qui reste à parcourir. En cherchant à s’implanter à tout prix dans les terres vierges de l’économie collaborative, des start-up et des plateformes, il ne faudrait pas qu’elles en oublient ce « marché » de 5 millions d’adhérents potentiels.