C’est un nouvel équilibre interne, voire une nouvelle démocratie qui s’instaure chez Enedis. L’entreprise, qui pilote le réseau public de distribution d’électricité, est convaincue qu’en 2025, il n’y aura pas de performance industrielle et économique sans exemplarité sociale et environnementale. Pour contribuer à la transition écologique dans les territoires et renforcer son rôle auprès de la filière électrique, elle a dévoilé, en septembre 2020, son Projet industriel et humain 2020-2025. « La période de confinement a été propice à la réflexion et a renforcé notre volonté de nous réinventer », précise Jean-Philippe Lamarcade, directeur régional Bretagne d’Enedis et pilote opérationnel du projet. « Le Projet industriel et humain 2020-2025 est fondé sur une méthode inédite, celle de l’intelligence collective massive, propulsée par Bluenove », ajoute-t-il.

Si la notion d’intelligence collective a déjà fait son chemin dans les organisations, la méthode massive implique, par définition, un très grand nombre de collaborateurs, qui peut aller de 10 000 à 100 000. Chez Enedis, la moitié des 38 000 salariés de l’entreprise ont souhaité participer à cette initiative entre mai et juillet 2020. « La notion de massif ne se réfère pas qu’au nombre, mais aussi à la vitesse d’exécution. Il s’agit de sortir de l’illusion que seules quelques têtes pensantes peuvent réussir et que cela doit prendre des mois et des mois pour aboutir », précise Martin Duval, cofondateur et coprésident de Bluenove, une entreprise française pionnière de l’intelligence collective massive pour les entreprises et le secteur public, qui accompagne Enedis dans cette aventure transformationnelle.

Au travers d’une méthode hybride, des milliers de réponses ont été apportées par les collaborateurs. Après une première consultation, huit thématiques se sont dégagées, allant toutes dans le sens d’un service public tourné vers la qualité, le respect et la protection de l’environnement, au bénéfice des clients et des territoires. Ensuite, 800 ateliers collectifs de brainstorming avec synthèses interactives, puis d’autres, délibératifs, pour sélectionner huit axes prioritaires, ont été organisés, afin de donner corps à des initiatives coconstruites. « La méthode, transparente et progressive, fonctionne en cercle vertueux », résume Martin Duval. « Un collaborateur sur deux a répondu et nous avons recueilli quelque 180 000 contributions en ligne. C’est plus que la Convention citoyenne sur le climat ! », se félicite-t-il. Ces différentes contributions ont été décortiquées à l’aide de logiciels d’analyse sémantique, puis partagées avec les collaborateurs, qui peuvent les visionner en ligne. Une accessibilité de nature à maintenir leur engagement. « Toutes nos parties prenantes ont par ailleurs été invitées à participer via des entretiens menés par nos salariés. Ainsi, cela nous a permis d’échanger avec 2 500 interlocuteurs externes », ajoute Jean-Philippe Lamarcade.

S’en sont suivis des appels à propositions d’actions, dans des domaines aussi variés que le numérique, l’autoconsommation avec les énergies renouvelables, la RSE, la simplification des processus… « Les propositions d’actions ont été étudiées en août, puis, après une synthèse du comité exécutif, des choix ont été opérés en septembre », poursuit-il. Avec, à toutes les étapes, un souci de transparence vis-à-vis des collaborateurs. Depuis fin septembre, les entités de l’entreprise ont commencé à mettre en œuvre les premières actions. « L’adhésion des collaborateurs et le succès qu’a déjà connu l’opération nous obligent à “délivrer” », conclut Jean-Philippe Lamarcade.

Maintenant qu’ils sont embarqués, les collaborateurs d’Enedis sont d’ailleurs en demande d’actions concrètes. Lors d’une « prise de pouls », réalisée en novembre 2020, après le lancement du projet, la direction des ressources humaines d’Enedis a noté une augmentation de 10 points du taux d’engagement général des salariés et de 15 points si l’on se concentre sur l’adhésion à la stratégie de l’entreprise. Car le projet de transformation 2020-2025 est industriel, mais il se veut aussi humain, comme son intitulé le laisse entendre. « Il s’agit en effet de coconstruire l’engagement des salariés, qui choisiront, dans la confiance, les objectifs qu’ils veulent se donner pour aligner Enedis face aux enjeux », conclut le pilote opérationnel du projet.