logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Chroniques

Refonder les équilibres

Chroniques | publié le : 22.03.2021 |

Image

Refonder les équilibres

Crédit photo

Benoît Serre vice-président délégué de l’ANDRH

Avec la vaccination qui avance à son rythme, mais qui avance tout de même, nous sommes nombreux à souhaiter retrouver une vie normale et encore plus nombreux à espérer que ce sera le cas après l’été. Le monde de déséquilibres que nous vivons pèse sur chacun au point que nos frontières personnelles ont disparu entre les vies privées et professionnelles, dans nos relations aux autres, nos capacités à bâtir des projets ou tout simplement à envisager l’avenir, même le plus court terme. Retrouver ces équilibres de vie sera sans doute difficile, car il n’y a pas que les femmes et les hommes qui vivent dans cette instabilité, il y a tout autant les entreprises, le travail, le management, le rôle de l’entreprise, les projets professionnels et les ambitions collectives.

Cette crise qui dure depuis si longtemps a déséquilibré les existences des êtres humains comme des organisations. Depuis son commencement, nous avons fait preuve individuellement et collectivement d’une agilité et d’une résilience hors du commun et il ne faudra pas oublier lorsque tout rentrera dans l’ordre cette capacité démontrée à demeurer stable dans un univers d’instabilité. Ce constat interroge évidemment sur nos modèles de fonctionnement comme de management. Il n’y a pas que le télétravail qui remet en question profondément nos systèmes de contrôle permanent et de gestion des risques selon un principe de précaution confinant parfois à une sorte de « paranoïa ». Durant les phases les plus dures de cette crise, jamais la capacité des femmes et des hommes ne s’est montrée aussi forte et inventive pour maintenir l’activité, le lien et pour trouver l’énergie de résister. Nous avons vu apparaître des trésors de créativité, d’inventivité et d’engagement pour stabiliser ce que le virus déséquilibrait une fois encore. Le management classique s’en est également trouvé remis en cause laissant la première place à des dimensions de légitimité, de bienveillance, d’écoute et de compréhension qui ont parfois été oubliées au profit de la performance, de l’exigence et de la hiérarchie. Il faudra veiller demain à rassurer ces managers qui ont tenu dans la crise, mais qui dans le même temps ont peut-être vu s’effondrer les certitudes managériales construites depuis des années. Ne pas y prendre garde conduirait à une crise managériale dans les organisations, source évidemment première de déséquilibre de leur fonctionnement.

C’est aussi l’entreprise qui devra retrouver son équilibre, car durant cette crise, elle s’est vu affubler de nouveaux rôles dont elle ne pourra que difficilement se départir et c’est heureux. Dans un récent sondage, 68 % des Français estimaient que leur entreprise gérait bien cette crise, largement au-dessus des autorités politiques. Ce chiffre rassurant fait porter une responsabilité aux dirigeants, car cet « a priori de confiance » de leurs équipes devra se trouver conforté par les conditions de la reprise. C’est une lourde responsabilité pour eux de réunifier les collectifs de travail, de recréer la dynamique collective, d’assumer les conséquences parfois douloureuses de cette crise. Ils auront à le faire en conservant les enseignements de la crise : la confiance, la résilience, la responsabilité vis-à-vis de l’individu, la souplesse dans l’organisation et l’agilité dans les décisions. Ce sera un défi de plus, car « restaurer » l’entreprise tout en la transformant dans un contexte nécessairement difficile est un exercice d’équilibre complexe à mener puisque le propre de l’équilibre est qu’il répartit les forces de manière égale.

Les forces de l’entreprise résident dans celles et ceux qui la composent : les femmes et les hommes qui démontrent chaque jour depuis un an leur capacité à stabiliser l’instabilité !