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Dialogue social : Vers un clash entre agendas sociaux ?

L’actualité | publié le : 15.03.2021 | Benjamin d’Alguerre

À l’agenda social du gouvernement, les partenaires sociaux entendent opposer leur propre calendrier « autonome », sur une suggestion du Medef. Mais s’accorderont-ils sur les thèmes à négocier ?

Ce n’est pas un, mais deux agendas sociaux qui risquent de mobiliser les organisations syndicales et patronales représentatives en 2021 et 2022. Le premier, élaboré par Matignon dans le cadre de la troisième conférence du dialogue social de ce lundi 15 mars, laisse en grande partie les partenaires sociaux spectateurs. Le prolongement jusqu’à fin avril des mesures exceptionnelles de prise en charge du chômage partiel et l’examen de différents scénarios pour les mesures d’aides à l’embauche des jeunes restent à la main de l’État. Tout au plus syndicats et patronat sont-ils « invités » à engager « à moyen terme » une négociation sur l’évolution de l’emploi et le développement des compétences. Pas de quoi enthousiasmer les partenaires sociaux qui ont répondu, presque unanimement, à l’appel du Medef à retrouver la maîtrise d’un « agenda social et économique autonome », l’État ayant largement repris la main sur les questions sociales depuis la loi El Khomri de 2016 et les ordonnances Travail de 2017. Selon Yves Veyrier, de FO, c’est ni plus ni moins qu’un réenclenchement de la dynamique entamée en juillet 2020 par la nomination de Jean Castex à Matignon et le retour des partenaires sociaux dans le jeu. Il en avait découlé le Ségur de la santé, la création de groupes de travail paritaires sur la revalorisation des travailleurs de deuxième ligne, les métiers en tension et les transitions collectives et, en fin d’année, les deux ANI sur le télétravail et la santé au travail. Las, « le reconfinement de l’hiver a cassé ce nouvel agenda social au profit d’une reprise en main des opérations par l’État seul et la relégation des partenaires sociaux au deuxième plan », regrette le patron de Force ouvrière.

Mais le nouvel agenda social s’inscrit dans un calendrier serré. « La sortie de crise sera marquée par l’entrée dans la campagne présidentielle. Les partenaires sociaux ne veulent pas se faire dicter un agenda à quelques mois de l’élection », analyse Pierre Ferracci, PDG du Groupe Alpha. D’où l’unanimité autour de la reconquête d’un agenda social autonome… mais pas nécessairement selon le schéma tracé par l’organisation patronale. Sur les thèmes choisis par les équipes de Geoffroy Roux de Bézieux – huit au départ, neuf depuis le rajout de l’insertion professionnelle des chômeurs éloignés de l’emploi –, certains suscitent déjà des levées de boucliers syndicales, à l’image de la réforme de la justice prud’homale ou la gouvernance de la branche AT/MP. Les représentants des salariés aimeraient leur substituer d’autres sujets comme le partage de la valeur, la revalorisation du salaire minimum, l’égalité hommes-femmes ou l’amélioration de la représentation collective dans l’entreprise. À voir si à son tour le Medef s’accordera sur le diapason syndical ou si l’incapacité de se mettre d’accord tuera dans l’œuf cette reprise en main du dialogue social par ses principaux acteurs.

Auteur

  • Benjamin d’Alguerre