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Égalité professionnelle : Combattre le sexisme au quotidien

Le point sur | publié le : 14.03.2021 | L. Z.

Le premier pas pour venir à bout du sexisme en entreprise pourrait bien être de faire en sorte que managers et collaborateurs se questionnent individuellement sur l’emploi de certaines expressions et le message qu’elles envoient. C’est le pari de Frédéric Cloteaux, directeur de Vivre Fm.

Frédéric Cloteaux dirige Vivre Fm, une radio associative qui traite de tous les sujets d’égalité, de l’égalité hommes-femmes aux LGBTQ+ en passant par les aidants et la diversité sociale ou ethnique. Selon lui, agir pour l’égalité consiste à s’assurer, et c’est le cas à l’antenne comme dans les équipes (une quinzaine de salariés sans compter des intervenants extérieurs), que la parité hommes-femmes est respectée, de même que la diversité (sociale, ethnique, de handicap…). Mais il est convaincu que cette exemplarité a ses limites : « De nombreuses entreprises, ainsi que des personnels politiques, viennent nous voir, souvent à la recherche de conseils. Or décréter, de la part de la direction, que le sexisme n’a pas droit de cité dans l’organisation, c’est bien, mais cela ne suffit pas. De même, les ateliers de sensibilisation ne servent à rien si les participants ne sont pas directement interpellés. » Et pour les interpeller, il compte sur un dispositif mis au point par Tell Me The Truffe, une agence de communication et de formation spécialisée sur les sujets du handicap, de l’égalité hommes-femmes et de la diversité, « Les mots qui comptent ». Il en attend la livraison avec impatience…

Impact sur le travail

Sous forme de livre, de type livre pour enfants, avec des pop-ups et des tirettes, le dispositif part, pour les décrypter, de petites phrases qui peuvent être prononcées tous les jours et dont la portée n’est pas forcément perçue. Pourtant, les conséquences, qu’elles soient « infériorisantes » pour la personne qui en est la cible ou carrément handicapantes pour une carrière, surtout si elles sont répétées, peuvent être désastreuses. D’ailleurs, une étude de 2013, menée par LH2 pour le compte du Conseil supérieur de l’égalité professionnelle d’alors auprès de salariés de neuf grandes entreprises, a mis en évidence le sexisme en entreprise, « une idéologie qui érige la différence sexuelle en différence fondamentale », et dont l’impact négatif est « exprimé par les salariées sur leur rapport au travail et leur sentiment de compétence ». De fait, le sexisme au quotidien « entraîne un jugement sur l’intelligence, les comportements et les aptitudes, de la part des femmes comme des hommes, mais à un degré moindre pour ces derniers », précise l’étude. « Le fait que le sexisme ait un impact négatif sur la qualité du travail doit alerter les entreprises », résume David Herz, cofondateur de Tell Me The Truffe.

Pour lutter contre le sexisme, l’agence a pris modèle sur d’autres dispositifs qu’elle avait déjà lancés, notamment sur le handicap. « Il ne s’agit pas d’expliquer les risques, même si la discrimination et le sexisme sont interdits par la loi, mais de faire changer les comportements individuels », explique-t-il. Tous les collaborateurs et les managers qui recevront le livre ne l’ouvriront peut-être pas, mais ceux qui le feront prendront conscience, dans leur for intérieur, de leur comportement, de ces questions faites aux seules femmes en entretien d’embauche comme : « Vous avez des enfants ? » ; de ces commentaires sur la poitrine – plutôt que sur les compétences – de la « petite stagiaire » ; de ces plaisanteries en direction d’une femme qui part tôt et est gratifiée d’un « Tu prends ta journée ? » « Ces propos ne sont pas anodins, ils sont graves ! », souligne Frédéric Cloteaux. Et peuvent également toucher des hommes, qualifiés de « femmelette » ou pire…

Le dispositif Les mots qui comptent « va permettre à ceux qui l’emploient de se questionner : est-ce que j’aimerais qu’on me dise cela, quel impact est-ce que cela aurait sur moi ? Il n’y a pas de meilleure éducation sur ces sujets que celle qu’on se fait soi-même », ajoute-t-il. Le tout afin de prêter attention, au quotidien, à son comportement et à celui des autres. Et si, dans les petites entreprises, « la régulation peut se faire, du fait que les salariés se connaissent mieux, les grandes ont souvent besoin de davantage de process sur ces sujets », pointe David Hertz, qui souligne par ailleurs que seules les entreprises de plus de 250 salariés ont l’obligation légale de désigner un référent chargé d’orienter, d’informer et d’accompagner les salariés en matière de lutte contre le harcèlement sexuel et les agissements sexistes (différent du référent harcèlement désigné au sein du CSE). « ll ne faut d’ailleurs pas confondre agissements sexistes et harcèlement, dit-il. D’où notre approche pédagogique. »

Auteur

  • L. Z.