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« L’état de santé des jeunes aujourd’hui nous inquiète »

L’actualité | publié le : 14.03.2021 | Lys Zohin

La vice-présidente de l’ANDRH et DRH d’Afnor évoque les avancées en matière de santé au travail, mais aussi les manques dans la proposition de loi en cours d’examen au Parlement.

Comment les DRH vont-ils s’emparer de l’ANI et de la loi santé au travail débattue actuellement ?

Mettre en avant la prévention constitue un signal positif que nous travaillons déjà dans nos politiques QVT, mais cela ne permet pas de résoudre la pénurie de médecins du travail. Nous nous interrogeons sur la mise en œuvre concrète des différentes mesures de prévention et de promotion de la santé. Toutes les politiques de prévention et de retour en emploi que certains d’entre nous expérimentent avec succès et qui figurent dans l’ANI sont une bonne chose, notamment le fait de vérifier l’adéquation entre le poste de travail et l’état de santé, pour permettre aux personnes un retour en emploi plus rapide et durable. En outre, les problèmes de santé physique étant généralement mieux appréhendés que ceux liés à la santé mentale, disposer d’un process partagé est utile. En revanche, la question des visites à mi-carrière comme les visites de reprise sont diversement appréciées, non pas leur utilité mais leur réalisation sur le terrain, où bon nombre d’entreprises ne parviennent plus à disposer de médecin du travail, même vacataire. Souvent, c’est le poste occupé qui empêche le retour en emploi pour des raisons multifactorielles et pas seulement d’ordre professionnel. Dans les textes, le fait qu’il puisse y avoir un dialogue entre médecine de ville et service de santé au travail constitue une réelle avancée. Le décloisonnement entre santé au travail et santé publique est important, car n’oublions pas que les entreprises et les DRH sont des acteurs de la santé.

Quels sont les grands enjeux santé, actuellement, dans les entreprises ?

Le télétravail à 100 %, qui apparaissait au départ comme la solution, a, non seulement, montré ses limites mais a également confirmé son impact sur la santé des collaborateurs, car l’entreprise est un lien de sens et de collectif. C’est la même chose pour les personnes ayant des problèmes de santé mentale. Enfin, le sujet des violences familiales se retrouve dans le dernier pan de la santé, la santé sociale. Et n’oublions pas deux grands enjeux : l’espérance de vie en bonne santé qui fait que nous avons, avec l’allongement de la durée d’activité, davantage de pathologies et d’absentéisme en entreprise, et les jeunes. Avant la pandémie, nous savions déjà que les jeunes générations étaient en moins bonne santé que leurs aînés en raison des modes de vie. Ces jeunes aujourd’hui et notamment leur état de santé nous inquiètent car ce sont nos salariés de demain. Nos actions en matière de QVT devront leur être adaptées.

Les dispositifs prévus sont-ils suffisants pour aider les TPE et PME à faire de la prévention ?

C’est un texte plein de bonnes intentions, mais certains médecins du travail s’interrogent si la réalité du terrain permettra son déploiement notamment vis-à-vis des petites structures. Nous vivons déjà des lieux de désertification de médecins du travail en région. Reste un point traité nulle part, celui d’accroître et de faciliter le recrutement des médecins du travail. Car on nous parle de QVTCT – qualité de vie et conditions de travail.

Auteur

  • Lys Zohin