Le réseau de distribution de gaz s’engage, dans les Hauts-de-France, dans une opération hors norme qui s’achèvera en 2029. Les entreprises régionales de maintenance et d’installation énergétique sont accompagnées afin de pouvoir recruter des techniciens qualifiés. Un important dispositif régional de formation est même initié.
Alors que le métier de technicien chauffagiste est déjà en tension partout dans l’Hexagone, les Hauts-de-France ont des besoins très spécifiques. Cette région est la seule de France à être alimentée par un gaz naturel néerlandais dont le gisement s’épuise. Avec la fin programmée aux Pays-Bas de la production de ce gaz d’ici 2029, une conversion en gaz à haut pouvoir calorifique s’avère nécessaire. GRDF a prévu d’étaler cette opération sur une durée de dix ans. Car, avant de faire circuler ce nouveau type de gaz dans les installations, des contrôles et des réglages doivent être effectués. Dans les Hauts-de-France, 1,3 million de clients résidentiels essentiellement et d’entreprises sont concernés. L’ensemble des interventions techniques (l’inventaire des chaudières, leurs vérifications ou d’éventuels remplacements d’installations incompatibles jusqu’à leur mise en service) vont nécessiter un renfort de main-d’œuvre qualifiée pendant ces dix années. Une phase pilote du projet, localisée sur quelques communes, avec 250 techniciens formés aux réglages spécifiques, vient de se terminer. La généralisation du changement de gaz sur la totalité de la région démarre. L’enjeu principal pour sa réussite est la disponibilité suffisante de techniciens expérimentés.
GRDF estime que le projet de conversion de gaz représente, en tout, 200 000 jours de travail. Afin de trouver les effectifs nécessaires, la filière s’est organisée pendant la phase pilote. « Nous avons rassemblé les différents partenaires en équipe et coconstruit les étapes en 2018, relate Pierre Guerbé, chef de projet changement de gaz GRDF. Des centaines d’entreprises intéressées pour y participer nous ont fait part rapidement du même constat : leurs difficultés à employer à cause d’une pénurie de techniciens de maintenance. » Identifier les besoins précis en recrutement de ces entreprises s’annonce donc primordial dès le début du chantier. Un dispositif a été conçu pour réunir l’ensemble des acteurs et permettre la rencontre entre demandeurs d’emploi et entreprises. « Pour mener à bien le projet, nous travaillons en mobilisation de la filière au complet et coopérons avec de nombreux acteurs de l’emploi et de la formation », souligne Pierre Guerbé. Outre les organisations professionnelles (Capeb, GRET/FFB et Synasav, Syndicat national de la maintenance et des services en efficacité énergétique), la région Hauts-de-France et les départements, le Geiq (Groupement d’employeurs pour l’insertion et la qualification) BTP Hauts-de-France, Pôle emploi, Proch’Emploi, l’Éducation nationale et l’Afpa ont noué un partenariat avec GRDF. L’objectif étant d’accompagner les entreprises concernées, tout est mis en place afin de favoriser la mise en relation qualitative avec des candidats à former et à recruter.
Courant janvier, un e-salon d’une durée de trois semaines a permis de faire circuler l’information sur le métier de technicien d’installation et de maintenance gaz. Les personnes motivées pouvaient se renseigner sur les possibilités de recrutement ou être orientées vers les centres de formation professionnelle. « Les candidats intégrant les sessions de formation ou d’apprentissage sont vite en lien avec les entreprises en besoin, explique Samuel Vanhecke, président du Synasav pour les Hauts-de-France et la Normandie. Les nouveaux techniciens formés travaillent sur les tâches habituelles, puis montent progressivement en compétences. Ainsi, les chauffagistes expérimentés sont disponibles pour effectuer les interventions de changement de gaz. Le métier est ouvert aux femmes et aux personnes en reconversion professionnelle. » Ici, c’est la motivation et le savoir-être qui importent. Pouvoir tranquilliser les clients est essentiel.
Cette période est également une opportunité pour préparer l’avenir car, durant ces dix années, des départs en retraite vont avoir lieu. « Ce dispositif régional de formation est l’occasion d’un renouvellement générationnel de techniciens, assure Samuel Vanhecke. Il permet de booster les embauches de demain pour ce métier. » GRDF s’emploie à coordonner toutes les entités mobilisées. « Il nous tient à cœur de montrer que cela a un impact positif pour le territoire, indique Pierre Guerbé. Le projet est vertueux : des emplois et des formations sur un métier en tension sont proposés. »