Comment un dirigeant de TPE peut-il résister face au choc de la Covid-19 ? Dans Ma petite entreprise a encore connu la crise, l’entrepreneur Nicolas Doucerain partage ses conseils, après avoir déjà traversé celle de 2008. Un récit dynamique.
Dans un précédent livre, Nicolas Doucerain racontait sa bataille pour tenter de sauver son cabinet de recrutement de la faillite, à la suite de la crise de 2008. En vain, car il sera obligé de déposer le bilan et de licencier ses 92 collaborateurs… Dans son nouveau tome, il reprend en grande partie cette histoire, en y ajoutant la crise de la Covid-19. En mars 2020, cet entrepreneur venait juste de relancer une société de management de transition avec quatre associés. Après le discours d’Emmanuel Macron le 16 mars déclarant un confinement total, « je savais que nous rentrions dans une crise économique majeure, pire que celle de 2008 ». Un air de déjà-vu, et un pays brutalement mis à l’arrêt. Comme d’autres, il raconte ses contrats qui s’annulent du jour au lendemain, l’obligation de travailler à domicile. Mais pas question de « se laisser submerger par l’angoisse » : douze ans après la crise des subprimes, « j’étais mieux armé » pour affronter ce tsunami, assure-t-il.
L’auteur transmet donc son expérience à ses homologues plongés dans la tempête. Car Nicolas Doucerain est coriace et malin : un prêt garanti par l’État de 130 000 euros décroché au plus vite (« les mesures économiques ont été stupéfiantes »), il repositionne son cabinet vers la gestion de crise pour se « maintenir à flot ». Et apporte son soutien bénévole à d’autres entrepreneurs en difficulté face à ce choc. Il faut réagir vite : « préserver coûte que coûte la trésorerie, mettre en activité partielle les collaborateurs, solliciter des reports de charges, d’emprunts et d’impôts, un PGE ou un prêt rebond, ou encore privilégier le paiement de fournisseurs essentiels à l’activité », conseille-t-il. Une évidence pour un grand groupe, mais pas pour un petit dirigeant seul à bord ou presque, comme l’illustre l’exemple de cette directrice d’une agence de communication qui a vu ses commandes s’effondrer. Si le choc psychologique a été rude pour les salariés, Nicolas Doucerain tient à montrer qu’il l’a été également pour ces petits patrons, face à « l’inquiétude de tout perdre ». Si son livre a un intérêt, c’est de montrer que leur solitude est le pire ennemi face à cette crise profonde, aux mesures changeantes. Outre ses « huit commandements » concrets qui restent utiles, il se veut réaliste, mais surtout optimiste. « Il y aura forcément des faillites, des licenciements à long terme », mais l’auteur voit dans cette pandémie « un challenge », une opportunité pour les dirigeants de « s’adapter » en continu, de tester de nouvelles idées sur Internet, de « gouverner » autrement avec le télétravail. Le propos vire parfois au politique, mais vaut par son volontarisme.