Les preuves s’accumulent sur « l’inefficacité » des programmes volontaires protégeant les travailleurs des usines de sous-traitance, notamment au Bangladesh, en Chine ou en Turquie, estime une note de l’OIT, en février 2021. Cette régulation privée a émergé il y a environ vingt-cinq ans dans les industries mondiales de l’habillement et de la chaussure, et s’est plus récemment étendue à l’informatique, à l’ameublement, au bois d’œuvre ou encore au café équitable. Un examen de 40 000 audits sociaux, mené dans 12 pays, montre que quelques progrès ont été réalisés. L’incidence du travail des enfants est proche de zéro, et le temps de travail hebdomadaire est passé en moyenne de 60 à 55 heures en sept ans. Cependant, le nombre total d’infractions aux codes de conduite des donneurs d’ordre a augmenté au cours de la période 2010-2018. Il est passé de 2,5 à 3,5 par audit dans la plupart des secteurs et dans tous les pays. De plus, les rémunérations ont peu évolué, alors que de nombreuses entreprises « se sont engagées à dépasser les salaires minimums ». Enfin, la liberté syndicale est peu développée dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, alors que là où elle existe, les conditions de travail semblent s’améliorer. Les audits ont malgré tout une portée limitée, car leur durée est trop courte pour détecter les infractions, et les ouvriers sont interrogés dans leur usine, où ils sont entraînés à fournir des réponses « souhaitables ». Pour être significatifs, les progrès sociaux doivent passer par l’amélioration de la législation du travail dans les pays concernés.