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« Pas de reprise en main de l’agenda social sans refondation du paritarisme »

L’actualité | publié le : 01.03.2021 | Benjamin d’Alguerre

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« Pas de reprise en main de l’agenda social sans refondation du paritarisme »

Crédit photo Benjamin d’Alguerre

La CPME est prête à emboîter le pas du Medef, qui propose un nouvel agenda social et économique en huit points1. Mais à la condition d’une « refondation » du dialogue social.

Que pensez-vous de la reprise en main de l’agenda social par les partenaires sociaux proposée par Geoffroy Roux de Bézieux ?

C’est une bonne nouvelle. La CPME affirme que la décision publique doit s’appuyer sur les corps intermédiaires parmi lesquels les partenaires sociaux dans le cadre d’un dialogue efficace et productif. En 2019, nous avions affirmé le principe d’une rénovation du dialogue social basée sur le triptyque « indépendance, responsabilité, transparence ». Lorsque nous avions soumis cette idée au Medef, il n’avait pas donné suite. Aujourd’hui, la situation a changé, mais nous pensons que cette reprise en main de l’agenda social par les partenaires sociaux ne pourra pas faire l’économie de la refondation d’un nouveau paritarisme. Au fil des ans, le dialogue social est devenu un jeu à trois avec l’État, voire à quatre, avec l’Assemblée nationale. Le principe de subsidiarité doit retrouver ses lettres de noblesse. Si l’on veut que les citoyens acceptent les réformes, il faut que celles-ci aient été négociées avec transparence. Prenons l’exemple de l’Unédic, dont le périmètre s’est élargi aux solidarités, au-delà de la question de l’indemnisation des demandeurs d’emploi, compétence qui appartient aux partenaires sociaux. Il est nécessaire de clarifier qui décide quoi sous peine d’entretenir la confusion. Les partenaires sociaux devraient, par exemple, être libres de fixer une doctrine de la dette, voire une règle d’or, pour contenir les déficits de ce régime. C’est ce qui se pratique dans la gestion paritaire de l’Agirc-Arrco où l’État n’intervient pas.

Les thèmes de discussions retenus par Geoffroy Roux de Bézieux vous paraissent-ils pertinents ?

Oui, mais tant que nous n’aurons pas refondé le paritarisme, il sera difficile d’aborder les vrais sujets qui fâchent, comme les retraites ou l’assurance-chômage. Pour le reste, les choix du Medef sont pertinents, que ce soit sur la réforme de la justice prud’homale, sur une gestion paritaire de l’ATMP ou sur une évaluation de la réforme de la formation professionnelle qui fonctionne mal dans les PME. À cet agenda, nous souhaiterions rajouter le sujet de la charge administrative liée à la fonction sociale des entreprises, qui croît de façon galopante. Il ne s’agit pas de vouloir bloquer le dialogue social dans les PME, ni d’y refuser la présence des IRP, mais de déterminer comment contenir ce surcroît de responsabilités administratives.

Pourquoi ce changement de braquet sur le paritarisme de la part du Medef qui y était plutôt opposé ?

J’imagine qu’à la lumière de la période que nous traversons, le Medef est revenu sur ses positions de départ. Durant cette crise, le dialogue social n’a pas si mal fonctionné. Les partenaires sociaux sortent de deux négociations, télétravail et santé au travail, délicates à mener et dont nous pouvons collectivement être tous satisfaits. Il n’est pas trop tard pour que les partenaires sociaux reviennent sur le terrain.

(1) Bilan de la réforme 2018 de la formation professionnelle, justice prud’homale, mise en place d’un organisme paritaire pour gérer la branche accident du travail-maladie professionnelle, gouvernance des groupes paritaires et de protection sociale, mobilité sociale, place de l’IA et transition écologique dans l’entreprise.

Auteur

  • Benjamin d’Alguerre