C’est la partie sombre des algorithmes d’encadrement du personnel. Des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) alertent sur l’accentuation du contrôle des salariés, dans le dernier numéro de « Academy of Management Annals ». Premièrement, les comportements sont de plus en plus modelés par des programmes opaques. Par exemple, dans un entrepôt classique, les articles similaires sont souvent rangés à proximité, selon une logique compréhensible. Mais Amazon recourt à un « algorithme de stockage chaotique », qui répartit les produits dans des étagères en fonction de l’espace disponible, limitant les fonctions cognitives des salariés. Chez un concurrent, des manutentionnaires peuvent porter un boîtier qui suit leur rythme d’activité en continu. S’ils sont trop lents, l’appareil déclenche l’intervention d’un manager. Deuxièmement, les évaluations et les notes sont de plus en plus fréquentes, comme dans le secteur de la restauration et de l’hôtellerie, où les plateformes telles que Yelp et TripAdvisor ont fourni aux managers les données de clients commentant les attitudes des salariés. Enfin troisièmement, les algorithmes renforcent la discipline par le biais des licenciements ou des restrictions. Les plateformes peuvent automatiquement expulser les travailleurs si leurs notes tombent en dessous d’un certain niveau. Au quotidien, les algorithmes peuvent empêcher la remise en question des choix de la direction, en limitant les échanges entre exécutants et cadres.