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Chroniques

Quand revient l’écho de la transition professionnelle…

Chroniques | publié le : 17.02.2021 | Yvan William

Yvan William : La chronique juridique

Écho : nymphe des montagnes qui selon Ovide se vit ôter la parole, ne lui laissant que la faculté de répéter les derniers mots de son interlocuteur.

Par ces temps, emprunter les passerelles que nous tend la mythologie n’est pas vain.

Reconversion, transition… voilà des concepts familiers qui ressurgissent avec fracas en écho aux difficultés économiques majeures qui se profilent.

Malheureusement pour les sceptiques, il est déjà trop tard.

Le long parcours de la reconversion professionnelle en perd plus d’un. Le défaut d’information et d’orientation, le manque d’anticipation ou parfois d’initiative, complexifient le plus beau et le plus prometteur des projets de transition.

L’État et l’entreprise ne jouent pas toujours le rôle que l’on pourrait attendre quand il est possible de prévoir que les évolutions du marché ou de la technologie vouent certains métiers à disparaître.

L’Histoire française industrielle regorge d’exemples de ces rendez-vous ratés avec la transition professionnelle.

Gageons que le spectre de cette pandémie nous pousse collectivement et individuellement à mieux gérer les transitions à venir.

Mais parlons des outils plutôt que des causes. Ils n’ont jamais été aussi nombreux !

Le salarié porteur d’un projet de transition aura d’abord intérêt à bien identifier le marché ou le métier qu’il adresse, et à réfléchir à sa propre structuration économique, juridique et sociale.

Les compétences nécessaires et les moyens pour sécuriser son parcours de transition sont tout aussi cruciaux.

Pléthore de dispositifs permettent d’y parvenir selon le contexte (reconversion forcée ou volontaire), le statut (privé d’emploi ou en poste), l’âge, les prérequis en termes de formation ou d’expérience professionnelle, le niveau de maturité du projet (suspension du contrat de travail pour mûrir le projet ou départ nécessaire de l’entreprise).

Rappelons ici quelques dispositifs anciens qui ont fait leurs preuves et les nouveautés :

• Bilan de compétences (dans le cadre du compte personnel de formation ou du plan de développement de compétences de l’entreprise) ;

• Action de validation des acquis de l’expérience professionnelle (articles L. 6411-1 et suivants) et appui d’un accompagnateur en VAE ;

• Conseil en évolution professionnelle (article L. 6111-6 du Code du travail) ;

• Congé et période de travail à temps partiel pour la création d’entreprise (articles L. 3142-105 et suivants) ;

• Période de mobilité volontaire sécurisée (articles L. 1221-12 et suivants) ;

• CPF de transition et congé de transition professionnelle (articles L. 6323-17-1 et suivants) ;

• Pro-A (dispositif de reconversion ou de promotion par alternance, articles L. 6324-1 et suivants) ;

• Période de mise en situation en milieu professionnel (article L. 5135-1 et suivants) ;

• Congé de reclassement ou contrat de sécurisation professionnel (en cas de licenciement économique selon la taille de l’entreprise).

Sans oublier les multiples actions de formation et périodes d’alternance mobilisables.

Au niveau de l’entreprise, le gouvernement vient d’annoncer le déploiement du dispositif Transition collective à compter du 15 janvier 2021. Il est axé sur la mobilisation du projet de transition professionnelle et une démarche de type GPEC réalisée à partir de l’identification des métiers fragilisés.

Un vocable nouveau « Transco » qui mobilise principalement d’anciens mécanismes.

De nombreux dispositifs spécifiques, nécessitant la plupart du temps la conclusion d’un accord collectif, préexistaient :

• Accord de gestion des emplois et des parcours professionnels (ex-GPEC) à plusieurs niveaux : entreprise, groupe, territoriale ou sectorielle ;

• Accord de mobilité ;

• Dispositions classiques des PSE et PDV ;

• Accord de performance collective ;

• Accord de rupture conventionnelle collective.

Tous ces dispositifs doivent ou peuvent contenir des mesures susceptibles de favoriser une transition professionnelle (aide à la formation de longue durée, VAE, aide à la création d’activités nouvelles…).

Nous sommes donc bien outillés, mais « souvent, trop d’abondance appauvrit la matière… ».

Restent la connaissance et l’impérieuse nécessité de soutenir une démarche qui est longtemps restée taboue dans l’entreprise, plus synonyme d’échec, d’envie que d’un nouveau départ nécessaire ou salvateur pour tous.

La quête de sens, la mise en valeur des parcours mixtes, les désordres économiques et écologiques susciteront de plus en plus de projets de transition qu’il faudra accompagner au mieux.

Auteur

  • Yvan William