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Sur le terrain

Insertion professionnelle : L’Aube lance une plateforme pour rapprocher bénéficiaires du RSA et employeurs

Sur le terrain | publié le : 12.02.2021 | Lucie Tanneau

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Insertion professionnelle : L’Aube lance une plateforme pour rapprocher bénéficiaires du RSA et employeurs

Crédit photo Lucie Tanneau

Le département de l’Aube a lancé un site et une application (Actif 10) destinés à remettre en emploi les 14 000 bénéficiaires du RSA en faisant matcher compétences, localisation et poste.

Plus 9 %. Le nombre de bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA) augmente depuis le début de l’année, marquée par la Covid-19 et deux confinements. Dans le département de l’Aube, 9 850 foyers sont allocataires du revenu de solidarité active et 14 000 bénéficiaires touchent cette aide mensuelle. Parmi eux, des personnes éloignées durablement de l’emploi, mais aussi de plus en plus de jeunes (24 % de moins de 30 ans), d’indépendants (notamment des restaurateurs) et des diplômés (350 ont bac + 5). Pour ces publics et notamment les primo-arrivants, le département vient de mettre en ligne une plateforme de matching. Actif 10 fera coïncider les compétences et la localisation des demandeurs d’emploi avec les besoins des entreprises du territoire. Sur la plateforme (qui sera déclinée dès février en application pour smartphone), les demandeurs d’emploi sélectionnés par les référents RSA du département entrent leurs compétences et rayon géographique de recherche. S’affichent alors, sur une carte, les besoins des entreprises. Le candidat peut postuler à l’offre directement en ligne. L’outil permet en effet l’édition de CV et recense un annuaire des entreprises afin de faciliter les candidatures spontanées.

« Nous devons connaître chaque bénéficiaire individuellement, afin de comprendre ses difficultés (logement, mobilité, mode de garde, maîtrise de la langue…), pour cibler un public qui peut retrouver un emploi et développer chez lui une culture du milieu économique », détaille Paul Geoffroy, directeur général adjoint des solidarités au conseil départemental de l’Aube. Trois salariés ont été recrutés pour le dispositif. L’un d’eux fera le lien avec les entreprises, ciblera notamment celles qui ont « la fibre sociale » et les accompagnera dans la rédaction des offres d’emploi. Les autres guideront les bénéficiaires dans la prise en main de l’outil. « L’enjeu est humain, mais aussi financier alors que le RSA représente le premier poste de dépense du département (56 millions d’euros) », résume Paul Geoffroy.

Implication collective

Trois secteurs ont été ciblés pour débuter l’initiative et « ne pas empiéter sur Pôle emploi ». Le BTP, les services à la personne et les emplois saisonniers (pour lesquels le département de l’Aube a déjà une expertise avec les vendanges). « Nous avons vraiment l’idée de partir d’emplois non pourvus, avec la réalité des entreprises qui recherchent une main-d’œuvre, afin de faire le lien entre offre et demande, ce qui est le projet de Pôle emploi, mais avec un manque de personnel d’accompagnement », complète Paul Geoffroy. « La plateforme sera aussi alimentée avec les besoins propres de la collectivité : emplois dans les collèges, pour les routes, et recrutements qui servent les politiques publiques, notamment l’aide à domicile », ajoute Philippe Pichery, le président du département. Pour l’élu, il est nécessaire d’être collectivement impliqué (avec l’État, Pôle emploi, les missions locales, la Direccte…). « C’est important de bien cibler le public, particulièrement dans le contexte actuel », a par ailleurs rappelé le préfet du département Stéphane Rouve qui propose l’aide des maisons France Service pour aider les candidats en situation d’illectronisme à remplir les formulaires en ligne. Hélène Booghs Notteau, la directrice insertion logement du département, souligne les difficultés de mobilité dans le département « très rural » qu’est l’Aube. « Les professionnels seront présents à chaque étape, du repérage des candidats pour la plateforme, à l’inscription jusqu’au recrutement et dans les semaines qui suivent afin de garantir un maintien dans l’emploi », précise-t-elle.

Un tiers des départements français sont utilisateurs de cet outil mis en place par une start-up du Loir-et-Cher en 2016. Le département de l’Aube ne vise pas d’objectif chiffré. « Mais l’investissement dans la plateforme sera remboursé si l’on remet en emploi 17 bénéficiaires », souligne Paul Geoffroy. Actif 10 représente un investissement de 72 000 euros (plateforme et personnels), financé dans le cadre du Plan pauvreté (70 000 euros au total dans l’Aube, à 50 % financé par l’État).

Auteur

  • Lucie Tanneau