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Les clés

La transition écologique et sociale : l’avenir de l’entreprise ?

Les clés | À lire | publié le : 14.02.2021 | Lydie Colders

Dans ce « manifeste pour le futur » de l’entreprise, trois consultants exhortent les dirigeants à en finir avec les logiques court-termistes. Dans un monde qui change, ils jettent les jalons d’une stratégie orientée vers « le bien-être social et environnemental ».

Si les entreprises continuent de s’enferrer dans la course aux profits, elles disparaîtront : « Nous pensons qu’elles vont mourir de leur obsession du chiffre, du court-termisme et la sacro-sainte rentabilité, ces fameux camemberts plaqués partout dans les PowerPoint insipides », affirment Clément Berardi, Julien Eymeri et Francis Rousseau, consultants en stratégie, dans ce livre destiné aux dirigeants. Dégoût d’« hyperfinanciarisation », aspirations des salariés et des citoyens pour des comportements éthiques et respectueux de la planète, les mentalités ont changé depuis la crise de 2008, rappellent-ils. Or, les entreprises y restent sourdes, « malades du temps » et des chiffres, les dirigeants se rassurant à coup de « process » et autres « benchmarks ». Cette critique n’est pas nouvelle, mais bien troussée et étayée par de nombreux penseurs, en particulier du philosophe Hartmut Rosa sur l’accélération du temps, cet état des lieux fait parfois mouche. Comme lorsque les auteurs fustigent le vide de la révolution numérique, « les entreprises qui n’ont de cesse d’exhorter leurs collaborateurs à plus d’adaptation et d’innovation », la peur d’être « ubérisée » les poussant à se transformer plus vite que leurs concurrents. Une course folle : nos sociétés modernes « sont rythmées par un incessant accelerando qui fait perdre le sens du tempo, masquant une financiarisation économique outrancière et l’appauvrissement des ressources vitales de l’humanité ». Pour eux, les patrons doivent admettre que l’ère n’est plus à la croissance infinie, mais au « développement sélectif » orienté vers le progrès social et la transition écologique.

Parmi les pistes pour aborder l’avenir, leur idée centrale est que l’actuelle RSE a vécu son temps : « La notion de responsabilité sociale et environnementale à son rôle à jouer dans cette transformation qui s’annonce, mais elle doit quitter ses oripeaux de faire-valoir pour devenir centrale dans la stratégie de l’entreprise. » Pour les auteurs, les notions de développement et de progrès doivent être mises au cœur « des débats stratégiques des conseils d’administration et des comités de direction ». Plus loin que la loi Pacte, ils citent l’exemple du « flexible purpose corporation », statut de droit américain où l’actionnariat peut être orienté en partie vers l’investissement social non lucratif. Les consultants proposent « un nouveau pacte entrepreneurial pour un bénéfice partagé », qui supposerait de considérer que la gestion des externalités (ressources naturelles et sociales) devienne un « critère déterminant » dans la valorisation pour l’entreprise. Le propos, inspiré de Danone, est ambigu, car en stratèges malins, ils voient aussi dans cet investissement social et écologique « un moyen de développer d’autres marchés ». Mais certaines idées restent pertinentes, comme l’encadrement des salaires des patrons (« pas plus de 40 fois le salaire médian de l’entreprise ») ou « une GRH élargie », intégrant les sous-traitants de tous genres en matière de protection sociale, de parcours ou de conditions de travail. Plus d’éthique nécessaire, pour attirer les jeunes générations…

Auteur

  • Lydie Colders