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Le fait de la semaine

Restructurations : Les DRH en première ligne

Le fait de la semaine | publié le : 09.02.2021 | Jean-Paul Coulange

Les drames survenus en Alsace et en Ardèche avec l’assassinat de deux DRH et d’une conseillère de Pôle emploi sont des situations exceptionnelles qui relèvent du fait divers. Mais ils sont révélateurs de la confusion qui peut exister entre l’individu et la fonction exercée. Et de la pression qui pèse sur les professionnels RH dans la crise économique qui va s’intensifier et entraîner de profondes restructurations.

Au-delà de la folie meurtrière d’un ingénieur privé de travail depuis une dizaine d’années, les assassinats de deux DRH et d’une conseillère de Pôle emploi survenus en Alsace et dans la Drôme mettent cruellement en lumière la difficulté de ces métiers liés à la relation humaine et à l’emploi. Qu’un salarié du service public de l’emploi puisse supporter à lui tout seul l’injustice ressentie comme telle d’un licenciement, qu’un professionnel des ressources humaines doive endosser personnellement la gravité d’une réorganisation entraînant des suppressions d’emplois dépasse l’entendement. Et pourtant, depuis plusieurs années, les DRH sont, plus souvent qu’à leur tour, cloués au pilori. Au sens figuré comme au sens propre.

Qu’on se souvienne, en octobre 2015, d’un DRH échappant de peu à la vindicte populaire, en escaladant une grille, à la sortie d’un comité central d’Air France qui examinait un projet de restructuration de la compagnie aérienne. « C’est toute la structure des rapports sociaux du capitalisme qui est à l’œuvre dans la “situation Air France”, bien au-delà d’un DRH qui passe par là au mauvais moment », avait écrit Frédéric Lordon, dans le Monde diplomatique. Le DRH en question n’était pas là par hasard. Il faisait, juste, son travail.

Qu’on se rappelle – c’était deux ans après – cette chasse aux DRH à laquelle avait appelé un site créé pour l’occasion « chasseauxdrh.com » et qui avait réuni une centaine d’individus, dont des représentants d’Attac et de Solidaires, venus crier leur colère à la sortie d’un congrès professionnel au Pré Catelan, dans le bois de Boulogne.

Plus près de nous encore, qu’on se remémore la création du hashtag #balancetondrh, à la suite de la publication d’un ouvrage au titre racoleur, « DRH, la machine à broyer ». Une campagne sur les réseaux sociaux avait, notamment, ciblé une jeune RH travaillant sur un projet de délocalisation d’activité en Roumanie. Celle-ci avait rejoint ensuite la société Knauf, et fait partie des deux professionnels RH qui viennent d’être assassinés.

Dans les semaines, dans les mois à venir, de nombreux DRH vont procéder à des plans sociaux, probablement douloureux. Après avoir joué, depuis le début de la crise sanitaire, un rôle de protecteur de la santé des salariés, ils vont préparer et négocier des mesures de réduction d’effectifs, décidées en direction générale, pour s’adapter à la crise. C’est une partie intégrante de leur métier et ils l’assument. Vu le contexte économique, la gravité de la situation sanitaire et la déprime générale qui a gagné la société française, leur responsabilité n’en est que plus écrasante.

Auteur

  • Jean-Paul Coulange