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Le fait de la semaine

DRH : la vérité d’un métier

Le fait de la semaine | publié le : 09.02.2021 | Benoît Serre, vice-président délégué de l’ANDRH

Nous vivons désormais une quadruple crise : sanitaire, économique, sociale et psychologique. Le dernier point a clairement pesé dans la décision du président de la République de ne pas confiner à nouveau pour le moment.

Si, évidemment, cette dramatique conjonction est l’affaire de tous ; la fonction RH est au cœur de sa gestion dans les entreprises. Par leur métier, les RH en sont les acteurs souvent dans l’urgence et toujours dans la responsabilité.

À l’heure où ce métier est si terriblement endeuillé par l’assassinat de deux de nos collègues et d’une conseillère de Pôle emploi, il est important de rappeler et de faire connaître ce que recouvre au quotidien le métier de DRH, bien loin des a priori et des présentations parcellaires qu’on entend parfois. L’ex-DRH d’une grande banque française avait eu cette formule magnifique : « le DRH a la responsabilité du vivant dans l’entreprise ».

Ces mots résonnent fortement dans la période actuelle où la protection sanitaire des femmes et des hommes prime sur tout le reste. Les DRH assument et portent des décisions difficiles, mais ce n’est pas leur seul rôle, loin de là : au quotidien, les DRH forment, recrutent, accompagnent, protègent, favorisent des parcours professionnels, motivent et soutiennent le collectif comme les individus.

Sur le plan sanitaire, les DRH ont mis en place les protocoles, assurant leur déploiement, leur explication comme leur respect parfois dans des conditions difficiles, car il faut dans le même temps continuer à faire fonctionner l’organisation le mieux possible. Trouver ce juste équilibre les conduit à intervenir sur l’économique en recherchant la meilleure allocation et organisation des ressources dans un contexte mouvant sur le plan réglementaire, tout en mettant en place l’activité partielle sans perdre de vue le maintien d’un dialogue social constructif. Socialement, la fonction RH est celle qui a la charge d’assurer la meilleure gestion humaine possible tout en participant à l’effort de solidarité nationale, dont les 450 000 contrats d’apprentissage signés en 2020 sont l’une des manifestations. Nous savons d’ores et déjà que les effets sociaux de la crise sanitaire seront durs, que nous aurons parfois à mettre en œuvre des décisions difficiles sur l’emploi. Nous savons le faire et à en croire les études récentes publiées par l’ANDRH comme par d’autres organismes, les DRH font tout en ce moment pour protéger l’emploi. Quand ce n’est pas possible, les RH recourent majoritairement à des outils de négociation réduisant au maximum les départs contraints et favorisant le volontariat et l’accompagnement social. Ce sont aussi des décisions difficiles pour l’individu qui les porte et nécessaires pour le professionnel qui les met en œuvre. Ne confondons pas les deux !

Les mois qui viennent seront complexes, car au-delà des conséquences économiques, la dimension psychologique d’un corps social épuisé et inquiet viendra ajouter encore à la tension inévitable de ces périodes. Les RH seront en première ligne dans les entreprises pour y faire face non pas en minimisant ou en ignorant la réalité humaine, mais en la prenant en compte.

Les DRH sauront le faire, car le cœur de leur métier, avec ou sans crise, est de toujours prendre en compte la dimension humaine des décisions. Il faut les associer dès l’origine, car les conséquences sociales sont dans ce cas anticipées de manière bien plus efficace. Une bonne décision repose autant sur sa réalité humaine que sur sa nécessité économique et financière. Il faut du courage pour intégrer à parts égales ces deux aspects. Il y faut de l’éthique et du réalisme.

La fonction RH démontre aujourd’hui qu’elle sait s’adapter tout en conservant son excellence et son expertise juridique, technique, organisationnelle et managériale. Elle est au cœur de la tempête et y restera encore longtemps. Elle en prendra toute sa part, car c’est à la fois son métier et sa responsabilité. Elle ne peut pour autant en assumer seule la responsabilité jusqu’à en devenir le symbole ou le bouc émissaire. C’est aussi sa force de savoir accompagner des décisions en les rendant finalement possibles parce qu’elles sont aussi nécessaires que difficiles.

Plus que jamais, la fonction RH a cette lourde charge de conjuguer économique et social, humanité et nécessité. Il est important dans ces moments de dire l’honneur et la vérité de ce métier !

Auteur

  • Benoît Serre, vice-président délégué de l’ANDRH