La mise en œuvre du télétravail n’a pas été une mince affaire dans la fonction publique. Moins de 12 % des agents de l’État ont travaillé chez eux pendant le premier confinement, et dans les collectivités territoriales, les scores étaient encore plus bas. La faute à une organisation mal préparée à un tel choc estime la grande majorité des fonctionnaires. De fait, la culture managériale dans la fonction publique est encore largement réfractaire à l’autonomie des collaborateurs et le niveau d’équipement est notoirement insuffisant. Alors que les pouvoirs publics encouragent depuis un certain nombre d’années le développement du télétravail dans le secteur privé, un décret de 2016 a limité son recours à trois jours par semaine pour les fonctionnaires. Il faut dire que le travail à distance fait peser un gros risque de « fracture sociale » entre les cadres et personnels administratifs qui peuvent télétravailler et les agents de terrain qui ne le peuvent pratiquement pas. Or ils représentent les trois quarts des effectifs dans la fonction publique territoriale. Avant d’envisager un essor du télétravail chez les fonctionnaires et sa mise à niveau par rapport au secteur privé, cette question de l’inégalité de traitement devra être préalablement traitée.