Comment les DRH ont-ils géré l’arrêt brutal de l’activité lors du premier confinement de mars 2020 ? Quelles leçons en tirent-ils pour l’avenir, face à la crise du Covid-19 ? Des normes de sécurité pour les salariés dits « essentiels » au déploiement du télétravail et du dialogue social « à distance », ce guide, coordonné par Michel Barabel et Olivier Meier, enseignants en GRH, donne la plume à une quarantaine de DRH de grands groupes. Sur un sujet instructif, ces tribunes (le livre a été écrit en partenariat avec l’ANDRH et le Lab RH) déçoivent par leur éloge « de bonnes pratiques ». Hormis une allusion à des SIRH trop sollicités ou de rares tensions avec les CSE, il faut lire entre les lignes pour en tirer quelques enseignements.

À la lecture, on perçoit que, dans les groupes déjà préparés à la gestion de crise mondiale (lire le témoignage de Suez, assez complet), la tâche des DRH a été facilitée, ils ont adapté leurs plans de continuité d’activité pour réorganiser le travail. Le livre reflète l’intensité du dialogue social à distance durant ce premier confinement, mais brossé en surface. La DRH de Burger-King, qui a dû fermer en catastrophe les restaurants, évoque ainsi « quinze CSE deux fois par mois » avec les élus de terrain, ou le travail sur les règles d’hygiène des clients pour protéger les salariés à la réouverture. Avec la crise du Covid-19, « les sujets autour de la santé dans sa globalité », physique mais aussi psychique, perdureront, estiment Michel Barabel et Olivier Meier. S’ils prônent « une approche holistique » de la santé au travail, face à l’inquiétude des salariés, le livre manque de fond sur ce sujet pourtant central.

Télétravail, formation, recrutements qui ont parfois continué, le livre atteste sans surprise de l’accélération du digital depuis ce premier confinement. Avec quelques réserves, comme Cyril Barkian, RRH de l’entreprise d’aide à domicile Vitalliance, qui souligne la nécessité de garder « un volet présentiel » dans les entretiens d’embauche qu’il a dû transformer en visioconférence. L’ouvrage montre la satisfaction globale des DRH sur le passage massif au télétravail, parfois déjà prévu dans des accords et accompagné de formation en ligne. Qu’en feront-ils à l’avenir ? questionnent Michel Barabel et Olivier Meier. Les avis sont partagés, entre ceux réservés sur son extension (à la SNCF), et d’autres DRH qui songeraient à l’élargir franchement, jusqu’à « 50 % du temps » mensuel chez Sony… « Il faudra tirer les leçons à plus long terme sur les bienfaits et les méfaits » du télétravail avant de le renégocier, nuancent les deux enseignants, attirant l’attention sur les risques de suractivité ou d’isolement « à protéger ». Le livre vire tout de même trop à l’éloge d’un certain nomadisme et du digital. Pour l’heure, les RH doivent surtout veiller à préserver le collectif de travail, même à distance, alors que la crise s’éternise.