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Danemark : Les syndicats courtisent les travailleurs étrangers

L’actualité | Internationale | publié le : 30.01.2021 | Lys Zohin

Les travailleurs étrangers, principalement venus d’Europe de l’Est, ont souvent été, en particulier dans la construction, exploités au Danemark.

Au point que, par le passé, les syndicats, en militant pour les droits de ces travailleurs, se sont battus pour faire en sorte que cette « concurrence déloyale » cesse. Reste que la tactique syndicale avait achoppé sur des différences culturelles. La philosophie d’Europe de l’Est, celle du « chacun pour soi », s’accordait mal avec le slogan « à travail égal, salaire égal » du syndicat, qui s’était alors concentré sur les employeurs pour obtenir qu’ils donnent les mêmes droits aux migrants. Aujourd’hui, les mêmes syndicats vont plus loin : ils cherchent à directement inclure les travailleurs migrants dans leurs rangs. « Nous avons réalisé au fil des années qu’on ne pouvait pas protéger les travailleurs migrants sans leur participation active, explique Jakob Mathiassen, ouvrier dans la construction et organisateur du BJMF, le syndicat du secteur. Et nous avons aussi pris conscience que nous avons besoin d’eux. Ils sont si nombreux désormais dans la construction que les laisser en dehors du syndicat serait une erreur. Cela fragilise le syndicat, en particulier financièrement. »

Conséquence de cette nouvelle prise de conscience, le BJMF a adapté ses méthodes de recrutement. Non seulement les informations, dans les locaux du syndicat comme sur son site web, sont désormais disponibles en 14 langues, dont l’anglais, le polonais, le lithuanien et le russe, mais de plus, le syndicat a lancé des clubs, qui réunissent les salariés selon leur origine géographique. Ces clubs font partie intégrante de la vie syndicale au Danemark. Ils servent de lieux de convivialité, mais aussi de forums de discussion pour développer des politiques de lutte et lancer des idées qui servent à la direction du syndicat. Auparavant, si toutefois des travailleurs étrangers rejoignaient des clubs danois, ils étaient forcément en minorité et leurs idées se perdaient, selon Jakob Mathiassen, qui estime que cette initiative de club par pays est la meilleure chose que le syndicat a pu faire depuis des années pour aider les travailleurs étrangers. « À travers ces clubs, ils ont essayé et réussi à influencer la direction du syndicat », dit-il, citant leur demande de traduction de toutes les assemblées générales (qui se tiennent en danois), acceptée après un vote. Ces travailleurs étrangers sont encore peu nombreux à avoir intégré le syndicat de la construction, mais déjà, leur impact se fait sentir sur le terrain. Ainsi, en septembre 2020, à la suite de négociations collectives, ils ont obtenu de meilleures conditions de travail, notamment en ce qui concerne les horaires, sur un chantier. Avant, ces salariés devaient travailler jusqu’à 12 heures par jour, pendant 28 jours d’affilée… Aujourd’hui, ils ont des horaires et des conditions de travail plus équitables. « Nous avons syndiqué environ 300 à 350 migrants, mais le potentiel est de 3 000 à 4 000, pour la seule région de Copenhague. Nous avons encore du pain sur la planche », conclut Jakob Mathiassen.

Auteur

  • Lys Zohin