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Sur le terrain

Prévention : Bosch lève les tabous sur les addictions par la formation

Sur le terrain | publié le : 22.01.2021 | Mathilde Régis

L’ensemble des collaborateurs du site Bosch Rexroth de Vénissieux, près de Lyon, ont été sensibilisés aux questions d’addiction et de consommation de substances psychoactives. Objectif : briser les tabous et définir précisément la responsabilité de chacun pour améliorer la santé et la sécurité au sein de l’entreprise.

Derrière l’écran, une poignée de chefs d’entreprise et de cadres dirigeants suivent consciencieusement la formation en visioconférence organisée ce jour-là par le Medef Lyon sur « les substances psychoactives et comportements à risques en milieu professionnel ». L’animateur, François Nicaise, addictologue d’entreprise, a créé la société Restim, il y a 20 ans, pour aider le monde économique à comprendre l’addiction à l’alcool, aux drogues et aux médicaments afin de déterminer comment intervenir et de mettre en place les outils adéquats. Aggravés par le confinement et le télétravail, les comportements addictifs peuvent être au cœur des moyens de l’entreprise pour agir en faveur de la santé et de la sécurité des salariés.

Séparer le management et la santé au travail

Chaque année en France, 42 000 morts sont liés à la consommation d’alcool et près de 30 % des accidents du travail sont liés à la prise de psychotropes. Un lourd tribut pour la santé des travailleurs, mais aussi un coût social, puisqu’entre 10 000 et 13 000 journées d’absence seraient chaque année en lien avec l’usage de substances. « Nous réussissons à mettre en place des actions dans les entreprises qui inscrivent les addictions dans le document unique comme une partie intégrante du management de la gestion des risques, explique François Nicaise. La consommation de produit est l’affaire de chacun, mais la dépendance à celle-ci peut engendrer des dysfonctionnements sur le collectif. » Confronté à cette difficulté sur son site en région lyonnaise, le groupe Bosch s’est doté de protocoles écrits et de conduite à tenir pour renforcer la prévention des comportements à risques en milieu professionnel.

« Il n’y a pas de solution clé en main dans la prise en charge des addictions, mais il est essentiel de réexpliquer que la responsabilité est de ne pas passer sous silence ce qui peut être un risque pour la personne, d’alerter un supérieur hiérarchique et le médecin s’il est présent », explique Agnès Boubert, médecin de santé au travail sur le site Bosch de Vénissieux. « Le plus important dans une entreprise est de bien séparer les rôles de management et de santé au travail, poursuit François Nicaise. Le management définit la loi générale et interne, organise la mise en sécurité de la personne, fixe les limites et les sanctions. En cas d’incident sur le lieu de travail, il faut conserver une trace écrite et prévoir systématiquement un entretien de retour avec le manager de proximité pour parler de ce qu’il s’est passé et expliquer pourquoi la personne a été retirée de son poste. Il est important de ne pas faire de diagnostic ou de porter un jugement. Le médecin, lui, informe et rassure. Ce qu’il se passe dans son cabinet est confidentiel et couvert par le secret professionnel », rappelle le formateur.

Sensibiliser l’ensemble des collaborateurs

Chez Bosch Rexroth, la sensibilisation s’est amorcée au sommet de la hiérarchie avec la tenue d’un comité de direction spécifique. L’ensemble du CSE et les 83 managers ont ensuite été formés respectivement avec des ateliers et exercices pratiques parfois inspirés de situations vécues. Les 483 salariés ont tous assisté à une session de formation obligatoire. « Nous avons considéré que l’ensemble des collaborateurs devait être sensibilisé aux risques des addictions de manière pédagogique, sans culpabiliser ni stigmatiser.

En première ligne, les managers ne savaient pas forcément comment réagir et pouvaient, sans le vouloir, mettre en danger d’autres personnes. Le rôle de chacun est important à redéfinir, afin que le médecin ne joue pas le rôle du DRH et inversement. Ces rôles ont été formalisés dans un livret distribué à l’ensemble des salariés », explique Corinne Davesne, responsable RH. « Il y a des obligations légales sur les questions de santé, mais il est aussi important d’aller sur l’aspect social et de savoir aider les collaborateurs sur les problématiques de leur vie personnelle qui ont un impact dans leur vie professionnelle. » Une démarche qui a abouti à plusieurs suivis individuels demandés par des salariés, qui ont été menés par Restim. Un comité de pilotage a également été créé afin de pérenniser l’action et de permettre au médecin de santé au travail de poursuivre la prévention sur la base du volontariat.

Auteur

  • Mathilde Régis