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RSE : Pour Carbiolice, l’innovation passe par l’adoption d’une raison d’être

Sur le terrain | publié le : 11.01.2021 | Lys Zohin

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RSE : Pour Carbiolice, l’innovation passe par l’adoption d’une raison d’être

Crédit photo Lys Zohin

Carbiolice, une jeune pousse de Clermont-Ferrand spécialisée dans la biodégradation des plastiques d’origine végétale, emboîte le pas aux grandes entreprises en se dotant d’une raison d’être. Car, pour sa présidente, l’innovation est dans tous les domaines : environnement, économie des territoires et RH.

Pour Nadia Auclair, présidente de Carbiolice, se doter d’une raison d’être, comme la start-up vient de le faire, est une question de cohérence. Créée en 2016, la start-up œuvre dans et pour l’environnement, grâce à une technologie qui vise à changer le rapport des consommateurs au plastique. Celle-ci consiste à adjoindre un enzyme accélérant la fin de vie de certains polymères obtenus à partir de maïs ou de canne à sucre et employés notamment dans les emballages alimentaires, afin de les rendre compostables avec les biodéchets domestiques. Autrement dit, un pot de yaourt conçu à partir de cette innovation se dégraderait aussi rapidement qu’un trognon de pomme – sans microparticule ni toxicité.

L’activité de Carbiolice sert également l’économie des territoires. Basée à Riom, près de Clermont-Ferrand, elle compte aujourd’hui 25 salariés et souhaite en embaucher au moins cinq de plus dans les mois qui viennent, d’autant que son activité n’a pas été pénalisée par la crise sanitaire et économique. Au contraire, certains groupes de l’agroalimentaire et de la grande distribution s’intéressent à sa technologie, ne serait-ce que pour répondre aux engagements français et européens sur le climat et l’environnement. « Il était donc logique de formaliser nos engagements auprès de nos salariés comme de nos investisseurs – Bpifrance, via le fonds Sociétés de projets industriels dans le cadre du Programme d’investissement d’avenir de la banque publique, et Carbios, une société auvergnate spécialisée dans la chimie verte et la bioplasturgie », résume Armelle Jardin, responsable RH de Carbiolice.

Dialogue avec les salariés

Si la réflexion sur la raison d’être a été lancée par Nadia Auclair elle-même, sa définition a fait l’objet, dans une jeune société habituée à la coconstruction, de réunions de brainstorming et de discussions entre salariés et administrateurs. Un exercice accompagné par un cabinet spécialisé (Moonbeam Zest), qui a duré environ trois mois et a été ponctué de réunions d’information pour ceux qui ne participaient pas directement au projet. Ce processus s’est terminé par une réunion générale, au cours de laquelle les collaborateurs ont pu échanger en direct avec Nadia Auclair. Inscrite dans ses statuts cet été, selon la loi Pacte de 2019, et adoptée officiellement le 8 septembre dernier, la raison d’être de Carbiolice s’exprime de la façon suivante : il s’agit « d’apporter des solutions innovantes et efficaces pour éliminer la pollution plastique ».

Carbiolice décline en outre ses principes : elle innove pour réinventer les applications plastiques non substituables et non recyclables dans une logique d’économie circulaire : « Parce que le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas. » Une façon, aussi, d’aider tous les acteurs concernés à agir, « les marques, notamment alimentaires, les fabricants de produits plastiques, dans leur réponse aux cahiers des charges des marques ainsi qu’aux exigences réglementaires, tout en leur permettant de conserver leur outil industriel ».

Très détaillée, cette raison d’être « renforce notre mission environnementale et sociétale, de même qu’elle a accru l’adhésion des collaborateurs et la cohésion de l’équipe, les salariés se sentant d’autant plus utiles et fiers d’appartenir à Carbiolice », se félicite Armelle Jardin. De même, elle a été bien accueillie par ses actionnaires. « Notre démarche, très structurante, a un impact interne comme externe », ajoute la spécialiste RH. La jeune pousse auvergnate, qui utilise déjà divers outils RH – parcours d’intégration et rapport d’étonnement pour chaque nouvelle recrue, entretiens réguliers entre managers et équipes, outils visant à recueillir les besoins et les suggestions des collaborateurs – espère que sa raison d’être incitera des professionnels spécialisés à rejoindre l’entreprise. Enfin, la société, qui collabore déjà avec des industriels, comme le groupe Barbier, spécialisé dans la fabrication de films plastiques destinés à l’agriculture, ne fait pas partie d’un club local des entreprises qui se seraient dotées d’une raison d’être, « mais de groupements de sociétés qui partagent les mêmes valeurs », précise la responsable RH. Il n’empêche, Carbiolice serait ravie de voir son initiative imitée par d’autres. En Auvergne et ailleurs…

Auteur

  • Lys Zohin