En France, le taux de croissance de la productivité horaire du travail est passé de plus de 5 % en 1971 à environ 1 % en 2018. Comment expliquer cette décroissance, commune à tous les pays à hauts revenus, au cours des quarante dernières années ? « Tout se passe comme si le ralentissement de la progression du niveau de formation initiale des nouvelles générations (…) expliquait 59 % du ralentissement tendanciel de la productivité en France sur l’ensemble de la période », estime France Stratégie dans une note du 10 décembre. L’accroissement du niveau d’études de chaque nouvelle génération tend à ralentir. Or, ce critère serait plus déterminant pour la productivité que le capital productif, la croissance de la population en âge de travailler ou le progrès technique. Le niveau de compétences conditionnerait « les performances des travailleurs et des managers », réduirait « le coût d’adoption des nouvelles technologies et des nouvelles pratiques de production », et favoriserait l’innovation. Il ne s’agit pas seulement d’augmenter le niveau d’études, mais de développer des compétences dites « non cognitives », telles que l’autonomie, la capacité de gestion et de communication. Comparée à d’autres pays, la France formerait peu au travail coopératif, en raison « d’un enseignement privilégiant le travail individuel associé à un système d’évaluation anxiogène qui perpétue les écarts de performance ». Malgré tout, des pays jugés meilleurs en la matière connaissent cette même dégradation des gains de productivité.