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« Les dispositifs de crise n’ont pas protégé l’emploi précaire »

L’actualité | publié le : 21.12.2020 | Benjamin d’Alguerre

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« Les dispositifs de crise n’ont pas protégé l’emploi précaire »

Crédit photo Benjamin d’Alguerre

Comment le dialogue social fait-il face aux difficultés économiques rencontrées par les entreprises en cette période de crise ?

Les entreprises ont tiré les enseignements du premier confinement. Certains employeurs persistent à n’utiliser que le seul PSE pour s’adapter à leurs difficultés économiques, mais d’autres s’engagent désormais dans des procédures plus innovantes en s’appuyant sur une large gamme de dispositifs (APLD, APC, RCC, PSE…) et parfois en les panachant ! L’offre de dispositifs sociaux à la main des entreprises, plus variée qu’en 2008-2009, permet d’engager des négociations plus exigeantes en termes de transparence et de loyauté réciproque entre les parties, mais qui n’aboutissent pas nécessairement à des suppressions d’emploi. Une ETI que j’accompagne a ainsi choisi d’imaginer une stratégie combinant RCC, APC et diverses mesures d’économie. En échange de quoi les syndicats ont exigé des compensations sur le télétravail. Aujourd’hui, ces discussions ont débouché sur des textes qui seront sans doute signés dans les jours à venir, mais rien n’était acquis au départ à cause de la méfiance réciproque qui existait.

Ces stratégies ne sont-elles pas réservées aux grandes entreprises qui disposent d’un dialogue social structuré ?

Il est aujourd’hui possible de signer des accords avec des CSE sans organisations syndicales, mais dans les PME, le défaut de temps et de compétences en matière RH rend parfois la négociation difficile. Idem en l’absence de militants syndicaux formés. Mais ce n’est pas exclusif aux petites structures : l’entreprise que je citais ci-dessus a dû recourir à un spécialiste externe des relations sociales pour boucler ses négociations. Heureusement, certains dispositifs restent quand même très accessibles. L’APLD peut être assez facilement mise en place même dans une PME de 20 personnes. Et certaines structures patronales, comme Plastalliance pratiquent un véritable syndicalisme de services en participant aux négociations aux côtés des patrons de PME ! Le vrai problème n’est cependant pas la taille de l’entreprise si la volonté de dialogue y existe. Souvent, c’est ce qui manque le plus.

Par rapport à 2008-2009, les entreprises sont-elles plus promptes à préserver l’emploi ?

Je n’en suis pas convaincu même si fin 2020 l’essentiel est préservé. Le choc de la précédente crise fut moins violent économiquement, mais plus incertain quant à sa durée. Surtout, les entreprises n’avaient que le PSE à leur disposition pour régler leurs problèmes économiques et les licenciements ont largement contribué à priver les entreprises de leurs compétences. C’est pour ça que la métallurgie est allée chercher l’idée de l’APLD chez les Allemands pour limiter les destructions d’emploi en attendant la reprise. Le chômage n’a ainsi pas, pour l’instant, augmenté dans les mêmes proportions qu’en 2009. Les vrais effets de la crise se feront sentir en 2021 lorsqu’il faudra rembourser les PGE (prêts garantis par l’État) et les créances des Urssaf… Dans l’ensemble, les dispositifs mis en place par le gouvernement ont protégé l’emploi CDI, mais pas l’emploi précaire (CDD, intérim, multi-employeur…). Le chômage a peu augmenté à ce stade, mais les salariés pauvres et précaires sont devenus plus pauvres et plus précaires…

Auteur

  • Benjamin d’Alguerre