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Sur le terrain

Alternance : Un CFA automobile innovant pour mieux attirer les jeunes

Sur le terrain | publié le : 23.11.2020 | Valérie Auribault

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Alternance : Un CFA automobile innovant pour mieux attirer les jeunes

Crédit photo Valérie Auribault

Le centre de formation d’apprentis de Nogent-sur-Oise mise sur les pôles d’excellence pour attirer les jeunes vers la filière carrosserie-peinture.

Innover pour attirer davantage de jeunes vers la filière carrosserie-peinture, c’est le pari du centre de formation d’apprentis (CFA) de Nogent-sur-Oise (Oise). Le 16 septembre dernier, celui-ci a inauguré un nouvel atelier de carrosserie-peinture ultramoderne. Outils numériques pour plus de précision dans la colorimétrie, des espaces carrosserie tous équipés d’une servante individuelle (chariot d’atelier muni de tous les outils nécessaires) et une nouvelle cabine de peinture vitrée sur les quatre côtés et placée au centre de l’atelier. Cette dernière suscite beaucoup de curiosité à l’extérieur, car c’est un équipement « unique au monde », comme le souligne Xavier Delcroix, directeur du CFA, en permettant une visibilité à 360°. Les apprentis peintres peuvent donc suivre le travail de peinture où qu’ils se trouvent dans le bâtiment. La start-up alsacienne Weinmann, qui a procédé à son installation, a aussi mis en place un puissant flux d’air modulable permettant l’aspiration et le plaquage des poussières vers le sol. « Cet équipement offre davantage d’esthétisme et permet d’optimiser la pédagogie », assure Xavier Delcroix. « Lors de l’inauguration, les professionnels du secteur étaient bluffés par les nouveaux équipements », ajoute le président de la chambre de commerce et d’industrie de l’Oise (CCI), Philippe Enjolras. Le nouvel atelier high-tech de ce pôle d’excellence a coûté 2,8 millions d’euros répartis entre le conseil régional des Hauts-de-France (60 %), la CCI (20 %) et l’Association nationale pour la formation automobile (Anfa) (20 %).

Innover pour changer l’image

L’investissement est important, mais les besoins dans le secteur sont criants. La création de pôles d’excellence au sein du CFA depuis les années 80 a pour but de créer des vocations. Aujourd’hui, la filière carrosserie-peinture peine à séduire. « Ce sont des métiers mal vécus. Il y a encore beaucoup de réticences de la part des parents, constate Xavier Delcroix. Or les matériaux ont considérablement évolué ces dernières années. » Malgré tout, les jeunes continuent de se tourner vers la mécanique plutôt que la carrosserie-peinture. Sur les 740 apprentis que compte le CFA, 350 suivent le cursus automobile, 40 seulement sont en carrosserie. « En mécanique, il y a beaucoup plus de passionnés. Au sein de la filière carrosserie-peinture, c’est moins évident. Et les candidats qui s’y intéressent ne remplissent pas un CFA », note le président de la CCI. La technologie et les équipements dernier cri peuvent changer l’image de ces métiers et inciter davantage les jeunes à se tourner vers cette spécialité comme ce fut le cas en 2014 après la création d’un atelier d’excellence de maintenance en mécanique. Le CFA avait alors enregistré 45 % d’inscriptions en plus. « L’apprentissage ne doit pas être perçu comme une voie de garage ou la dernière chance, mais comme la première, poursuit Philippe Enjolras. Certains parents ne souhaitent encore pour leurs enfants que la voie des études supérieures. Or, l’apprentissage permet des formations d’élites. C’est simplement une façon d’apprendre. L’apprentissage engendre un véritable savoir. Aujourd’hui, plus de 30 % des jeunes formés en apprentissage créent ensuite leur propre entreprise. »

Des débouchés importants

En tout cas, la demande de carrossiers et de peintres en automobile est tellement forte que les besoins en main-d’œuvre des entreprises peinent à être satisfaits. Ce sont d’ailleurs les employeurs qui viennent frapper aux portes du CFA pour trouver un apprenti et non l’inverse. Pour faciliter encore le recrutement, le CFA offre une formation en alternance sur mesure. Ainsi les apprentis peuvent intégrer le centre en cours d’année. « Après la formation, les débouchés sont importants, souligne Xavier Delcroix. Le CFA enregistre 87 % de réussite aux examens et une employabilité de 90 %. » Le CFA cherche désormais à féminiser la profession. « Les filles sont encore trop peu nombreuses alors qu’elles ont un vrai potentiel. Souvent, ce sont les structures, peu adaptées, qui freinent leurs embauches », regrette Xavier Delcroix. Le Code du travail impose des vestiaires séparés entre les hommes et les femmes. Et les employeurs ne sont généralement pourvus que d’un seul vestiaire au sein de leur établissement. Un frein de plus pour des employeurs en attente de candidats.

Le centre de formation espère susciter un engouement de la part des jeunes grâce à son nouvel atelier. En attendant le retour sur investissement pour la rentrée 2021, d’autres projets sont d’ores et déjà en voie de réalisation, comme l’atelier de maintenance pour les véhicules industriels (camion, bus…) qui devrait voir le jour dès l’année prochaine.

Auteur

  • Valérie Auribault