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Comment protéger les chauffeurs de VTC ?

Les clés | À lire | publié le : 23.11.2020 | Lydie Colders

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Comment protéger les chauffeurs de VTC ?

Crédit photo Lydie Colders

Dans Désubériser, reprendre le contrôle, trois auteurs, dont Franck Bonot, ancien de l’Unsa et cofondateur d’un syndicat de chauffeurs de VTC, livrent leurs propositions pour protéger a minima les travailleurs des plateformes et créer un dialogue social par « secteur d’activité ». Mais sans passer par le salariat… Un curieux exercice d’équilibriste, qui défend un avenir plus vertueux.

Face à la crise de la Covid-19 qui a aggravé la précarité des chauffeurs et livreurs d’Uber ou de Deliveroo, le ministère du Travail a proposé fin octobre une charte de responsabilité sociale facultative pour les plateformes. Suffisant pour mieux les protéger ? Dans ce bref essai dirigé par le philosophe Florian Forestier, et cosigné par trois acteurs de réseaux sur le dialogue social des plateformes (Franck Bonot, ancien de l’Unsa SCP VTC, animateur du réseau Sharers &Workers, l’économiste Odile Chagny et Mathias Dufour, président du think tank « Le plus important ») vont plus loin, proposant une protection de base « évolutive » pour ces travailleurs. Avec un parti-pris : « concilier avancée sociale avec le potentiel économique » des plateformes. S’il faut en finir « avec le dumping social » d’Uber et la précarité des VTC, ils parient en effet sur d’autres modèles plus responsables à l’avenir. « Bien orientées par les pouvoirs publics, les plateformes pourraient créer de « la valeur sociale » comme des services aux collectivités », selon eux.

Un « tiers » statut ?

Sur la question du statut des VTC, leur opinion est ambiguë, parfois contradictoire. Bien qu’ils reconnaissent qu’Uber ou Deliveroo est devenu un emploi principal pour des gens peu qualifiés et que les batailles de requalification se multiplient en France ou en Californie, « le salariat ne résoudra pas tous les problèmes », affirment-ils. Car tous les chauffeurs et livreurs « ne le souhaitent pas », et le lien de subordination reste difficile à établir. Reprenant les travaux du Cese ou de la Commission européenne, les auteurs suggèrent donc l’idée d’un « tiers statut », inspiré de celui des Workers au Royaume-Uni. S’ils avouent les risques « de cette zone grise » entre salariat et indépendant, ce statut s’appliquant aux travailleurs s’intégrant à l’organisation d’autrui serait un compromis « pragmatique et temporaire » en attendant que le Code du travail évolue. Un moyen « de donner aux travailleurs des plateformes la capacité de négocier leurs conditions de travail ». Dans cet esprit, les auteurs revendiquent « un socle de droits » minimum, listé à grands traits : droit de représentation et de négociation collective et salaire minimum fixé « par secteur d’activité ». Mais aussi obligation pour l’entreprise d’assurer la sécurité des travailleurs ou de les informer sur le fonctionnement des algorithmes. « Il va falloir imaginer une nouvelle forme de dialogue social » adapté aux travailleurs indépendants, admettent-ils. Mais quid des droits au chômage, à l’assurance-maladie et à la retraite ? Les auteurs éludent ces questions pourtant centrales.

Auteur

  • Lydie Colders