À partir du 1^er janvier prochain, les employeurs de la ville de Shenzhen, dans le sud de la Chine, fief du « made in China », avec ses milliers d’usines et ses sociétés de technologie, sont sommés d’offrir des congés payés à leurs salariés, afin de protéger leur santé physique et mentale. L’initiative a été prise en août dernier, lors d’une réunion du Congrès du peuple local. Elle va désormais être appliquée, selon une récente décision du même Congrès. Et c’est une première en Chine. Certes, le Code du travail chinois prévoit effectivement des congés payés, à partir d’une année complète de travail dans une entreprise. Ainsi, 10 jours de congés payés sont prévus pour ceux qui ont travaillé entre 10 et 20 ans dans l’entreprise, et 15 jours pour ceux qui ont travaillé plus de 20 ans. Mais bien peu de salariés en profitent réellement… C’est vrai pour les cols bleus comme pour les cols blancs. Selon une étude publiée l’an dernier par Zhaopin, une plate-forme de recrutement de type LinkedIn, au lieu de prendre des congés, plus de 80 % des cols blancs font au contraire des heures supplémentaires, et quelque 20 % d’entre eux travaillent plus de 10 heures supplémentaires par semaine. Des heures non rémunérées pour 70 % d’entre eux… Quant aux ouvriers, ils sont pris au piège de « l’éthique de travail » chère au Parti communiste chinois et largement pratiquée par les employeurs.

Désormais, les entreprises de Shenzhen devront s’assurer, à travers des rotations de salariés, que ces derniers, et en particulier ceux dont la charge de travail est élevée, aient le temps de prendre des congés. Le Congrès du peuple compte sur les services des ressources humaines et les syndicats (d’État) dans les entreprises pour s’assurer que ces mesures seront bien appliquées. Celles-ci demandent cependant encore à être détaillées, en particulier sur la charge de travail qui donnerait lieu à des congés « forcés »…