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Travail : des trentenaires désenchantés par l’entreprise

Les clés | À lire | publié le : 16.11.2020 | Lydie Colders

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Travail : des trentenaires désenchantés par l’entreprise

Crédit photo Lydie Colders

Dans La semaine prochaine je démissionne, le blogueur et ex-ingénieur Valentin Brunella s’adresse aux trentenaires en quête de sens au travail. Au-delà d’outils, son témoignage reflète le malaise de la génération X, déçue par l’entreprise. Et qui entend bien « trouver sa place », quitte à changer de voie.

Ingénieur en informatique, ancien consultant en stratégie digitale, Valentin Brunella, la trentaine, est aujourd’hui blogueur sur le monde du travail. Dans ce guide, il partage son expérience, illustrant « un mal-être existentiel » des jeunes cadres de son âge. Lui a fini par quitter son CDI : malgré l’enthousiasme des premiers temps, il évoque « la dureté d’un monde » qu’il peinait à supporter. Horaires à rallonge, rapports mensuels « que personne ne lit », évaluation annuelle où « on me reprochait notamment de pas assez habiter mon rôle et mon métier », ce jeune consultant se heurte à la dure réalité de l’entreprise. Manque de confiance, idées toujours rejetées, au bout du compte, « je faisais clairement un job à la con », dit-il, en référence au regretté David Graeber.

À la recherche d’authenticité

Persuadé que d’autres jeunes partagent ses affres, lui qui a fait « tout et trop vite » leur donne de quoi réfléchir : faut-il se « reconvertir radicalement », devenir ébéniste, tester l’ESS, se mettre à son compte pour être heureux ? Et surtout peut-on « attendre que le travail soit épanouissant, ou faut-il changer sa vision ? », interroge-t-il. Passage dans une start-up, un restaurant associatif écoresponsable ou missions indépendantes où il a mal vécu la précarité, Valentin Brunella décrypte l’intérêt et les limites de ces expériences. Et donne des conseils bien vus à ses semblables : apprendre à faire le bilan de son parcours ou dresser une liste « de ses aspirations profondes ». Si lui a fini par temporiser (le travail n’est pas épanouissant, mais « je peux y trouver un certain plaisir »), son livre est aussi le miroir saisissant d’une génération X sensible au monde, lucide, qui ne trouve plus son compte dans les grandes entreprises. Pour l’auteur, « le travail est un monde de posture » où « le langage formaté empêche de penser ». À rebours des clichés sur des jeunes cadres individualistes accros au numérique, il déplore « l’enfer des open spaces », « les mails au lieu de se parler », qui lui donnaient l’impression « d’être un manutentionnaire de l’information ». Est-ce à coups de projets agiles que l’entreprise parviendra à nourrir leur flamme ? Pas si sûr. En tout cas, pas pour cet ancien spécialiste du digital, pour qui « team leader » et « autres décisions bottom-up » ne changent rien aux décisions, toujours prises d’en haut. Un récit éclairant, y compris pour les DRH.

Auteur

  • Lydie Colders