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Le travail à Gilles

La bonne heure au travail

Le travail à Gilles | Une chronique de Bénédicte TILLOY | publié le : 09.11.2020 |

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La bonne heure au travail

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Marie-Pierre est aux anges. Avec son idée, elle a fait d’une pierre trois coups : Gilles a l’air d’avoir retrouvé le goût et l’odorat pour son travail, Carine a dans sa manche une réponse aux angoisses de Gérald, et elle, elle va pouvoir enfin consacrer du temps à un sujet qui lui tient à cœur : faire des RH un moteur d’innovation de la boîte.

C’est assez inédit pour être célébré ! Puisqu’elle est désormais seule dans sa cuisine – le petit est retourné à l’école –, elle termine la mousse au chocolat commencée hier soir au dîner. La cantine du télétravail propose toujours un menu gourmand, c’est l’intérêt d’adorer cuisiner ! Les dégâts éventuels sur sa ligne seront traités avec efficacité par le programme de remise en forme à la maison auquel elle s’est abonnée sur les conseils de Rémy.

Rémy, bon sang, elle allait l’oublier ! Il s’est manifesté deux fois ce matin pendant qu’elle conduisait les enfants à l’école, et elle ne l’a toujours pas rappelé ! D’ailleurs, le téléphone qui sonne à l’instant, c’est lui, Rémy, et une fois n’est pas coutume, il n’est pas de bonne humeur. Le projet de Carine (!), il ne le trouve pas génial, même pas du tout. Il a le sentiment bizarre que pendant qu’il cherchait des arguments pour faire patienter la direction financière, d’autres s’employaient à inventer n’importe quoi pour faire exploser le budget. Carine manifestement prise de court pour lui démontrer chiffres à l’appui l’intérêt de se lancer dans cette affaire, l’a renvoyé sur Marie-Pierre, après tout c’est elle l’initiatrice de ce « bidule débile ».

Marie-Pierre garde son calme. La cuillère de mousse dans une main, la calculatrice dans l’autre, elle se lance dans les explications. Si l’application de Benjamin permet de réduire le temps que prend chaque salarié à trouver toutes les réponses dont il a besoin pour faire l’étude d’ingénierie d’un client, il pourra livrer plus tôt chaque client. Moins de temps par client, à la fin, c’est plus de clients. Productivité et croissance à la fois ! Et au passage, d’ailleurs, sans doute aussi des clients plus satisfaits.

Admettons, et en quoi cela concerne-t-il la DRH, se hasarde Rémy ? Marie-Pierre attendait justement la question. Sans lâcher sa cuillère, elle assène son principal argument : si chacun décrit ses compétences, l’intelligence de l’app saura trouver les bonnes personnes pour répondre à ses questions. La “gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences”, cette fameuse GPEC que personne ne sait bien comment garder vivante, sera renseignée et mise à jour par les salariés eux-mêmes. Et d’ajouter que Gilles a tout de suite vu comment il pourrait en tirer parti. Rémy n’est pas encore totalement convaincu, mais sa colère est tombée quand il raccroche d’avec Marie-Pierre. Il a retenu les arguments pour la direction financière qui, les connaissant, devrait trouver ce projet intéressant.

Cela sonne à nouveau, cette fois-ci c’est un Gilles masqué qui se présente sur son écran. On aperçoit derrière lui l’open space presque vide. Il a manifestement retrouvé un peu d’entrain. La preuve, il attaque par une petite blague, il est arrivé depuis un petit quart d’heure, à défaut de bonheur au travail, il s’attache désormais à trouver la bonne heure au travail…

(à suivre).